Le Zimbabwe veut criminaliser le recrutement de ses médecins à l’étranger

Au Zimbabwe, le vice-président Constantino Chiwenga n’hésite pas à comparer le recrutement à l’étranger du personnel de santé à « un crime contre l’humanité ».

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Publié le 7 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Le ton est outrancier mais la préoccupation légitime. Le ministre de la Santé et vice-président du Zimbabwe a déclaré que la fuite des professionnels de santé équivalait à de la traite d’êtres humains. Selon Constantino Chiwenga, « si quelqu’un recrute délibérément et fait souffrir le pays, c’est un crime contre l’humanité », un « crime odieux qui est aussi une grave violation des droits de l’homme ». Et d’évoquer le fait que « les gens meurent dans les hôpitaux parce qu’il n’y a pas d’infirmières ni de médecins ».

Pour préserver le capital humain de son pays dans le secteur de la santé, Constantino Chiwenga a donc exprimé son intention de promulguer une loi criminalisant le recrutement international de soignants zimbabwéens, rien de moins.

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23 médecins pour 100 000 habitants

Le Zimbabwe a renoué avec les crises qui jonchent, depuis longtemps, son parcours économique, soumis à de grandes doses d’inflation surréaliste réduisant le pouvoir d’achat comme peau de chagrin. Dans ce contexte, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de placer le pays sur une liste rouge des États les plus confrontés à la raréfaction des personnels de santé.

Cette décision a poussé le Royaume-Uni à cesser de recruter des agents de santé zimbabwéens, jusque là séduits par les rémunérations proposées par l’ancien colonisateur. Et pour cause : selon l’Association médicale du Zimbabwe, le pays ne compterait qu’environ 3 500 médecins pour 15 millions d’habitants (soit 23 pour 100 000 habitants, contre 300 pour le Royaume-Uni notamment), et la presse locale affirme que plus de 4 000 soignants ont émigré depuis février 2021.

« Pillage » des ressources humaines

Le Zimbabwe n’est pas le seul concerné par cette « fuite » de personnel qualifié. En février dernier, certains pays d’Afrique francophone exprimaient leur inquiétude à la lecture de l’article 7 du projet de loi controversé sur l’immigration esquissé par le gouvernement français. Porté par les ministres Gerald Darmanin et Olivier Dussopt, le texte propose une carte de séjour spécifique pour les professionnels de santé, médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes et pharmaciens.

Déjà grands pourvoyeurs des hôpitaux français, les pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne pourraient subir un nouvel exode de leurs professionnels de santé, au détriment de leurs populations. Des voix dénoncent une volonté de « pillage » des ressources humaines et un risque de réduction de l’accès aux soins des patients du Sud.

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