Innovation et santé, la double vitrine de l’aide suisse en Afrique

Si la coopération entre la Suisse et le continent couvre de nombreux secteurs, elle s’illustre particulièrement dans le domaine médical et dans celui de l’innovation. Portraits de deux réussites.

En Ouganda, en 2022. Photo prise dans le contexte du projet SCBF avec Women World Banking (WWB) et Finance Trust Bank (FTB). © SCBF

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Publié le 7 mai 2023 Lecture : 4 minutes.

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Entre la Suisse et l’Afrique, les premiers fruits de la coopération

La Confédération helvétique se rapproche de plus en plus du continent. Portés par les minerais, les échanges commerciaux s’intensifient et l’intérêt du secteur privé suisse se développe.

Sommaire

En matière de soutien au secteur financier ou de coopération scientifique et technologique avec les pays du Sud, l’expertise de la Suisse sur la scène internationale n’est plus à prouver. Il n’est guère étonnant donc que ces deux domaines soient compris dans la coopération helvétique vers l’Afrique.

Rencontre avec Swiss Capacity Building Facility (SCBF) et l’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH), deux organisations qui participent très activement au développement du continent.

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• Swiss Capacity Building Facility, la capacité d’innover

Fondé en 2011, pour fluidifier l’inclusion financière dans les pays en développement, l’organisme Swiss Capacity Building Facility (SCBF) a, douze ans plus tard, prouvé son utilité. Plus de 2,9 millions de personnes, situées dans 48 pays à travers le monde, ont bénéficié de ses services, pour un total de 18,2 millions de francs suisses (18,6 millions d’euros) décaissés afin de financer 169 projets. Rien que sur le continent, l’organisation a participé à 71 projets, qui, ensemble, ont amélioré l’existence d’un demi-million d’Africains, installés en majorité en milieu rural, et qui sont, pour plus de la moitié, de femmes.

Leurs demandes concernent prioritairement les produits d’assurance (47 %), suivis des services financiers digitaux (23 %) et des crédits accordés aux petites et très petites entreprises (17 %). Comme une cartographie fidèle des principaux besoins de l’Afrique en matière de produits financiers.

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Pour y répondre, la SCBF apporte les fonds ainsi que l’expertise technique nécessaires, qu’elle trouve auprès des entreprises suisses, membres ou non de l’organisation, ainsi que de ses bailleurs publics, à commencer par le principal d’entre eux, la Direction du développement et de la coopération (DDC).

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Intérêt croissant pour les marchés émergents

L’organisme, né de la volonté affichée à l’époque par quelques grands noms de la finance (Crédit Suisse, Swiss Ré ou encore Zurich Insurance) d’exporter leur savoir-faire vers les populations les plus démunies, associe secteurs publics et privés pour remplir au mieux sa mission. « Avec un intérêt de plus en plus soutenu des entreprises pour ces marchés émergents », constate Sitara Merchant, la directrice générale de la SCBF.

Aujourd’hui, pour chaque franc suisse apporté par le secteur public, le privé contribue à hauteur de 1,59 CHF. Et la SCBF cherche maintenant à étendre son réseau. D’abord auprès des autorités publiques en Afrique, « afin d’être sûr de travailler avec les bons interlocuteurs », explique Sitara Merchant, ainsi qu’avec les institutions financières internationales (IFI), « pour diversifier nos bailleurs ». Et permettre à la SCBF de poursuivre son action en Afrique et ailleurs.

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• Swiss TPH, santé globale

L’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) fête cette année ses 80 ans d’existence. Créé en 1943 par le biologiste Rudolf Geigy pour développer de nouveaux outils de coopération dans le monde de l’après-guerre et sortir la Suisse de son isolement, l’institut décide de se focaliser sur la recherche contre les maladies tropicales. L’université de Bâle, dont Geigy a été président dans les années 1970, s’associe très vite à cette initiative, rejointe par les deux cantons bâlois (Ville puis Campagne depuis 2017), ainsi que par les autorités publiques confédérales.

Swiss TPH débarque dès le début des années 1950 dans la Tanzanie de Julius Nyerere et en Côte d’Ivoire

Dès ses origines, Swiss TPH s’est donné pour mission « de contribuer à l’amélioration de la santé au niveau local, national et mondial, par la recherche, la formation et les services », rappelle le professeur Jürg Utzinger, directeur de l’institut. Et cela en ciblant tout particulièrement les pays à revenus faibles et intermédiaires. Swiss TPH débarque ainsi dès le début des années 1950 dans la Tanzanie de Julius Nyerere, ami personnel de Rudolf Geigy, et en Côte d’Ivoire, où le Centre suisse de recherches scientifiques (CSRS) a célébré, en 2021, les 70 ans de son partenariat avec le pays.

Avec le temps, Swiss TPH a élargi son champ d’action. Ses chercheurs et thésards se sont concentrés sur les maladies infectieuses (tuberculose, paludisme, VIH, Ebola…), et non transmissibles (liées par exemple à la pollution, à la nutrition…), ainsi que sur les maladies dites négligées (bilharziose, trypanosomiase, lèpre…).

Plus de 800 personnes formées chaque année

L’institut travaille aujourd’hui sur plus de 360 projets, répartis dans 120 pays à travers le monde, dont une trentaine située en Afrique. Elle intervient également sur les systèmes de santé locaux et forme près de 850 personnes chaque année, sur des programmes du premier au troisième cycle couvrant l’ensemble des problématiques de santé publique en général.

Si un cinquième de son budget annuel est apporté par ses trois partenaires historiques, Swiss TPH doit trouver les 80 % restants auprès de différents fonds, fondations et autres institutions, au premier rang desquels se trouve la Direction du développement et de la coopération (DDC).

Et même si elle insiste bien sur son indépendance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique, l’institution travaille aussi en partenariat avec des géants comme Novartis ou Merck, « notamment quand il s’agit de développer de nouveaux médicaments », précise Jürg Utzinger. Fort de ses expériences et expertises, Swiss TPH a été cité dans la stratégie confédérale destinée à l’Afrique comme étant « the leading house » (à la pointe, en français) en matière de coopération scientifique et technologique avec le continent.

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