[Série] Entre le Maroc et la France, une longue histoire de crises

De l’affaire Ben Barka au récent coup de froid diplomatique, l’histoire des relations entre Rabat et Paris est émaillée de brouilles, évoluant parfois au gré des liens qu’entretenaient les monarques marocains et les présidents français.

© Montage JA; AFP; Jean Claude Mallinjod/Ina via AFP; DOMINIQUE GONOT/AFP; THOMAS SAMSON/AFP; CHRISTOPHE PETIT TESSON/AFP; Laurent MAOUS/GAMMA-RAPHO; MAP

FADWA-ISLA_2024

Publié le 15 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Si, d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée, les chancelleries se plaisent à raconter la belle histoire de l’amitié privilégiée entre le Maroc et la France – ce qui n’est sans doute pas faux, si l’on se réfère aux liens affectifs et culturels forts qui ont longtemps existé, en particulier au sein des élites marocaines et françaises, mais aussi aux intérêts économiques et politiques communs majeurs –, on ne peut omettre de rappeler qu’elle a été émaillée, depuis l’indépendance, en 1956, d’épisodes de crise plus ou moins longs, plus ou moins tumultueux.

Dès 1965, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka en plein cœur de Paris, vécu par le général de Gaulle comme une atteinte à son honneur et à celui de la France, débouche sur une impossibilité de dialogue entre le roi Hassan II et le président français, et un gel des relations diplomatiques pendant plusieurs mois. Plus tard, sous le mandat de Pompidou, c’est la nationalisation par Hassan II de terres encore possédées par d’anciens colons français, en 1973, qui met le feu aux poudres.

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C’est tendu sous Mitterrand, apaisé sous Chirac

Mais c’est durant la présidence de François Mitterrand, en 1990, après le discours de La Baule et surtout après la parution du brûlot de Gilles Perrault, Notre ami le roi, que les tensions sont les plus grandes, Hassan II étant alors convaincu que le pouvoir socialiste en place œuvre contre son régime. Et si les deux mandats de Jacques Chirac, grand ami de Hassan II et de Mohammed VI, ont été plus paisibles, les dissensions réapparaissent sous Sarkozy, lorsque le Maroc préfère le F-16 américain au Rafale français, puis culminent sous Hollande avec l’épisode connu comme « la gifle de Neuilly », quand la police française se présente au domicile de l’ambassadeur marocain pour convoquer Abdellatif Hammouchi, le patron des services du royaume. Cela provoquera une nouvelle – et vive – crise diplomatique dont les stigmates persistent jusqu’à aujourd’hui.

Avoir en tête l’histoire des crises entre le Maroc et la France permet de relativiser celle que les deux capitales vivent en ce moment. Mais cette histoire montre aussi que la coopération politique et économique entre Rabat et Paris repose avant tout sur l’état des liens personnels et la bonne entente entre le monarque chérifien et l’occupant de l’Élysée. En l’occurrence, entre le roi Mohammed VI et Emmanuel Macron.

Or, comme l’a déclaré à JA le 1er mars une source officielle du gouvernement marocain, ces relations ne sont actuellement « ni amicales ni bonnes ». Manière, probablement, de faire savoir au président français, qui avait voulu minimiser l’actuel coup de froid entre Rabat et Paris, que l’hiver est parti pour durer. Et qu’il faudra attendre la fin de son mandat pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les relations franco-marocaines. À moins que le chef de l’État français ne décide de reconsidérer la manière dont il aborde le cas Maroc…

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