Le géant marocain OCP engrange 100 millions de dollars pour verdir ses activités
Le leader mondial des phosphates vient de décrocher un important prêt de la Société financière internationale (IFC) pour la construction de quatre centrales solaires.
Il avait présenté sa « stratégie verte » en décembre 2022. Et les moyens alloués par l’Office chérifien des phosphates (OCP) à son nouveau programme d’investissement étaient à la mesure de ses ambitions : 130 milliards de dirhams (près de 12 milliards d’euros) sur quatre années. Objectif affiché par le géant mondial des engrais phosphatés : augmenter sa production en atteignant la neutralité carbone avant 2040.
Quelques mois après que Mostafa Terrab – l’emblématique dirigeant du groupe – a détaillé devant Mohammed VI son nouveau plan, celui-ci connaît une première traduction concrète. L’IFC, bras privé de la Banque mondiale, vient en effet d’accord un prêt estampillé « vert » de 100 millions de dollars au groupe marocain pour la construction de quatre centrales solaires. Lesquelles devront alimenter les activités industrielles d’OCP au Maroc, en lui permettant de réduire son empreinte carbone et d’accroître sa production d’engrais verts.
Sécurité alimentaire et changement climatique
Cet accord, annoncé lors des Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, concerne la construction de centrales solaires dans les villes minières de Benguérir et de Khouribga, qui abritent les plus grandes réserves de phosphate du Maroc.
D’une capacité combinée de plus de 200 mégawatts (MW), les quatre centrales devront alimenter directement en énergie propre les sites industriels d’OCP. Le projet sera mis en œuvre par « OCP Green Energy S.A. », filiale créée en 2022 pour développer les activités de production d’énergie renouvelable du groupe.
« Cet accord sans précédent souligne notre engagement en termes de transition agricole mondiale. Investir dans des énergies renouvelables fiables et compétitives est un pilier clé du plan d’investissement d’OCP pour atteindre nos objectifs ambitieux en matière d’engrais verts durables », a déclaré Mostafa Terrab dans un communiqué. Et de poursuivre : « Ce prêt témoigne également du partenariat solide que nous bâtissons avec l’IFC et de l’alignement de nos institutions sur les défis mondiaux de la sécurité alimentaire et du changement climatique ».
De son côté, Makhtar Diop, le directeur général d’IFC, a souligné que « les changements climatiques et la sécurité alimentaire » étaient « profondément interconnectés. (…) Avec cet investissement, nous contribuons à construire un système alimentaire plus durable et sécurisé pour l’Afrique et pour le monde entier. » En 2021, IFC avait déjà accordé à OCP un prêt de 100 millions de dollars pour soutenir sa filiale, OCP Africa, afin d’améliorer la disponibilité des engrais du groupe sur le continent et de développer des formations aux bonnes pratiques agricoles en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et en Tanzanie.
Diversification du secteur de l’électricité
D’après OCP, les centrales solaires lui fourniront une source d’énergie rentable, contribuant à sa compétitivité globale et à sa production d’engrais à faible teneur en carbone. Le groupe prévoit de couvrir, d’ici à 2027, 100 % de ses besoins en électricité par de l’énergie propre, qu’elle soit éolienne, solaire ou issue de la cogénération. Les centrales prévues appuieront également la diversification du secteur de l’électricité au Maroc.
Après une année 2021 performante, le groupe marocain a affiché un nouveau record en 2022, son chiffre d’affaires passant de 84,3 milliards de dirhams (7,5 milliards d’euros) à 114,6 milliards, soit une croissance de 36 %. « Une performance opérationnelle et financière exceptionnelle, soutenue par la hausse des prix de ses produits dans toutes les catégories », soulignait OCP lors de la présentation de ses résultats à la fin de mars.
Leader mondial de la production de phosphates et d’engrais, OCP a en effet tiré profit de la perturbation mondiale des chaînes d’approvisionnement liées à la crise du Covid-19 mais aussi des sanctions imposées à la Russie après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
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