El Dama, la série algérienne entre polémique et carton d’audimat
En plein ramadan, la fiction « Le Jeu de Dames » est devenue un phénomène de société, non sans s’attirer son lot de critiques, elles-mêmes sources d’audience.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 avril 2023 Lecture : 2 minutes.
Qui dit ramadan dit jeûne, dattes et séries télévisées. Rendez-vous aussi incontournables que les films de Noël au pays de l’oncle Sam, les productions télévisuelles du « pays de l’oncle Salam » sont pourtant moins sirupeuses. Cette année, en Algérie, la série « El Dama » – »Le Jeu de Dames »– explose les compteurs d’audience. Diffusée par la télévision publique ENTV, la fiction dépeint avec un réalisme original la vie quotidienne dans le quartier algérois de Bab El Oued, loin de l’ambiance « telenovela » des programmes habituels du mois saint.
Langage cru et « valeurs nationales »
Des voix conservatrices ne pouvaient manquer d’exprimer leur embarras face au spectacle haletant de conflits de gangs, entre courses-poursuites effrénées, circulation de stupéfiants en établissements scolaires et règlements de comptes nocturnes, sur fond de trafic de drogue ou de contrebande d’or. Autant d’éléments dramaturgiques teintés de violence et de langage cru qui cadrent peu avec les stéréotypes habituellement recommandés pour la préservation des « valeurs et constantes nationales » qui encadrent la bonne morale algérienne.
Dans cette fresque d’ambiances viriles, le genre de la scénariste finit de satisfaire les aficionados d’ »El Dama ». Et le réalisateur Yahia Mouzahem d’enfoncer le clou de l’indépendance de ton, en précisant qu’une « série n’est pas une leçon de morale », mais plutôt une saine occasion « de discuter » sur des sujets sociaux.
L’Autorité de régulation de l’audiovisuel, elle, traque les détails. Le 30 mars dernier, l’ARAV s’émouvait du visionnage, dans la série, d’une « scène montrant un mur (…) sur lequel est écrit le nom d’un mouvement séparatiste classé comme terroriste ». Suivra une exégèse de la scène incriminée par la télévision publique et le réalisateur. Le feuilleton ne sera pas censuré, mais le ministre de la Communication annoncera la création d’une « cellule » au sein de son département, cellule dédiée au « suivi de la qualité des programmes du ramadan »…
Ramadan et controverse
Comme de bien entendu, les polémiques qui ne compromettent pas la diffusion d’un programme lui servent de promotion, notamment dans les diasporas qui guettent toute occasion de suivre « El Dama » en streaming, par exemple sur YouTube.
D’année en année, certaines séries du ramadan sont de plus en plus controversées. Au précédent jeûne, des Égyptiens découvraient avec étonnement la nouvelle saison de la série « Al-Ikhtiyar » à la gloire du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. En mars dernier, c’est le programme tunisien « Falloujah » qui faisait polémique. Comme dans « El Dama », des séquences représentaient des lycéens rebelles en proie au trafic de drogue…
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