En Afrique du Sud, Thabo Bester, réincarcération d’un évadé « ressuscité »
Après avoir simulé sa mort dans une prison sud-africaine, « le violeur Facebook » a été arrêté en Tanzanie, puis renvoyé en prison en Afrique du Sud.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 15 avril 2023 Lecture : 2 minutes.
On connaissait l’évasion par tunnel, par hélicoptère, ou par corruption de garde-chiourme. Voici maintenant l’évasion par décès… fictif. Si, dans le roman Le Comte de Monte-Cristo, Edmond Dantès s’évadait du château d’If en prenant la place d’un cadavre jeté à la mer, le meurtrier en série Thabo Bester a, lui, laissé un cadavre prendre sa place…
Surnommé « le violeur Facebook » pour avoir sélectionné et attiré ses victimes via le réseau social de Mark Zuckerberg, le Sud-africain est condamné, en 2012, à la prison à vie pour meurtre et viol. Dix ans plus tard, en mai 2022, dans sa cellule d’une prison privée de Bloemfontein, les restes d’un corps calciné sont découverts. La direction du centre pénitentiaire en conclut que le prisonnier Thabo Bester s’est immolé par le feu. Ce n’est que dix mois plus tard, en mars dernier, que des tests ADN démontrent que le cadavre de la cellule n’était pas le sien…
Ramaphosa « troublé »
Relancée, la traque permettra de retrouver la trace du fugitif en Tanzanie, en compagnie de sa présumée petite amie. Ce jeudi, lors d’un point presse gouvernemental au Cap, le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, annonçait que le criminel et son « amoureuse » avaient été extradés et que Bester avait été « réincarcéré », dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette fois dans une prison à sécurité maximale des environs de Johannesburg. Un juge déterminera le sort à réserver à la compagne. Le père de cette dernière aurait également été arrêté et inculpé pour meurtre, en lien avec l’homme retrouvé mort dans la cellule de Thabo Bester.
« Happy end » pour les assoiffés de justice ? L’ « évaporation » du premier centre de détention pose tout de même de nombreuses questions. Au-delà du mystère lié à l’immolation d’un corps derrière les barreaux de Bloemfontein, demeure le scénario rocambolesque qui permit au fugitif de s’échapper, après avoir détourné l’attention. En attendant que tout soit éclairci sur cette histoire macabre – potentiellement calibrée pour une fiction audiovisuelle –, les observateurs formulent des hypothèses qui supposent, au mieux, des défaillances du système carcéral et, au pire, des compromissions.
Relayé par des médias fascinés, le buzz qui a suivi cette affaire a été si retentissant qu’il a embarrassé le gouvernement et obligé la présidence à réagir. Mercredi, le porte-parole du président Cyril Ramaphosa affirmait que le chef de l’État était « troublé » par cette évasion…
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