Au Soudan, la guerre entre les généraux a déjà tué une centaine de civils

Malgré les appels au cessez-le-feu, tirs et explosions secouent toujours Khartoum lundi matin, au troisième jour des combats entre les troupes des généraux Burhane et Daglo, les deux hommes forts du pays.

Dans l’est de Khartoum, dimanche 16 avril, durant les combats entre les deux généraux rivaux. © AFP

Publié le 17 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Cela faisait des semaines que le conflit était latent entre les généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo (dit Hemetti), qui ont évincé les civils du pouvoir lors du putsch d’octobre 2021, avant de se retourner l’un contre l’autre samedi matin.

Combats en plein Khartoum

Depuis, les combats à l’arme lourde n’ont pas cessé, et l’armée de l’air vise régulièrement – même en plein Khartoum – les QG des Forces de soutien rapide (FSR). Ces ex-miliciens de la guerre du Darfour, devenus les supplétifs officiels de l’armée sont, eux, partout en treillis et en armes, luttant pied à pied pour prendre le contrôle des infrastructures militaires et politiques du pays.

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Pris sous ces feux croisés, les civils paient le prix fort : au moins 97 d’entre eux ont été tués, rapporte le syndicat officiel des médecins, 56 samedi et 41 dimanche, dont environ la moitié à Khartoum. Les morts côté combattants se comptent quant à eux par « dizaines », assurent les médecins, même si aucun des deux camps n’a annoncé de pertes.

Situation chaotique

L’armée assurait dimanche soir que la situation était « extrêmement stable » et que les combats étaient « limités » tandis que les FSR se disaient, elles, « sur la voie de l’emporter définitivement ». Dans les faits, il est impossible de savoir, lundi, quelle force contrôle quoi. Les FSR ont annoncé avoir pris l’aéroport samedi, ce que l’armée a nié. Les paramilitaires disent aussi être entrés dans le palais présidentiel, mais l’armée dément et assure tenir le QG de son état-major, l’un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum.

Quant à la télévision d’État, les deux parties assurent aussi l’avoir prise. Mais les habitants des alentours font état de combats continus, tandis qu’à l’antenne, seuls des chants patriotiques sont diffusés, comme lors du putsch.

Crise sanitaire annoncée

Alors qu’aucune trêve ou issue ne se dessine dans l’immédiat, médecins et humanitaires tirent la sonnette d’alarme : dans certains quartiers de Khartoum, l’électricité est totalement coupée depuis samedi, comme l’eau courante.

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En ligne, les médecins annoncent des coupures d’électricité dans des salles d’opération et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que « plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n’ont plus de sang, d’équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d’autres matériels vitaux ».

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu dimanche son aide après la mort de trois de ses employés, tués dans les combats au Darfour (ouest), faisant redouter le pire dans un pays la faim n’a cessé de progresser.

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La communauté internationale multiplie depuis samedi les appels au cessez-le-feu. Dimanche la Ligue arabe et l’Union africaine se sont réunies en urgence pour demander la cessation des hostilités et le retour à une « solution politique ». Sans effet jusqu’à présent.

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