Aux armes citoyens burkinabè !

Le capitaine Ibrahim Traoré a décrété la mobilisation générale pour lutter contre les groupes jihadistes. Une rhétorique martiale qui peine à faire oublier la multiplication des attaques sur le terrain.

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Publié le 30 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Réplique tellurique du putsch qui renversa un président Kaboré jugé timoré, le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré était censé répondre à une crise sécuritaire grandissante. Bien décidé à faire vibrer la corde sankariste, le président de la transition burkinabè n’a donc pas hésité à « upgrader » son vocabulaire, appelant depuis septembre dernier à un « sursaut national », puis annonçant une « reconquête du territoire » et décrétant un formel « état d’urgence » dans huit régions du Burkina Faso… À ce ton martial ne manquait plus que la spectaculaire « mobilisation générale ».

Lourd tribut

Celle-ci s’inscrit dans le prolongement de mobilisations plus partielles, qui vont de l’enrôlement de volontaires pour la défense de la patrie, les fameux  VDP, qui payent un lourd tribut à la guerre contre le terrorisme, au prélèvement d’une « contribution à l’effort de guerre » sur le prix de certains produits de consommation.

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Sur le sujet, le régime burkinabè s’est montré étonnement sensible à la critique de non-respect de certaines procédures qui lui a parfois été faite, qu’il s’agisse de la manière dont il a pris le pouvoir – maquillée par une investiture présidentielle étrange – ou de la façon qu’il a de suspendre tel ou tel organe de presse hors des sentiers prévus par l’organe de régulation de la communication. Le capitaine Traoré a donc pris soin cette fois de consulter le Conseil constitutionnel, lequel n’a pas manqué d’émettre un avis favorable à l’hypothétique prise d’un décret portant ordre de mobilisation générale.

C’est le 13 avril dernier que les autorités de transition ont formellement enclenché ce levier à l’allure historique. L’idée, ont-elles expliqué, est de « donner à l’État tous les moyens nécessaires » pour faire face aux attaques jihadistes récurrentes, et notamment de leur permettre « de requérir les personnes, les biens et les services » voulus. Une manière de justifier a posteriori l’enrôlement contraint de plusieurs membres de la société civile dans le corps des VDP, ou de simplifier de futures négociations avec le secteur privé, au moment de préparer le ravitaillement de certaines zones en situation de quasi-blocus…

Il est pour l’instant peu probable que l’enrôlement de classes d’âge entières soit envisagé, l’économie de guerre et les possibles recrues ayant respectivement besoin d’une économie civile en fonctionnement et de matériel. L’avenir dira si la crise requerra des appels massifs au front.

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