Au Burkina Faso, une heure en mode avion contre l’envolée des prix

Pour protester contre les tarifs des connexions internet, des consommateurs burkinabè appelaient à un boycott d’une heure des services de téléphonie mobile, ce mardi.

© Damien Glez

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Publié le 18 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Le « mode avion » est bien utile aux Burkinabè, même à ceux qui ne décollent d’aucun aéroport. Évoquant les stratégies des hommes infidèles, l’artiste Smarty chantait, il y a quelques années : « je suis en mode avion, dès que je mets les pieds à la maison. » Pour d’autres de ses compatriotes, cette option rime avec l’expression d’un mécontentement…

Ce week-end, l’activiste Alain Traoré, plus connu sous le pseudonyme « Alino Faso », invitait « l’ensemble des consommateurs à mettre leurs téléphones portables en mode avion » ce mardi 18 avril, entre 11 heures et midi. Cette opération, baptisée « mardi presque noir », est une campagne de boycott des trois opérateurs de téléphonie inspirée d’un mouvement social équivalent, en Côte d’Ivoire voisine.

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2 000 F CFA par giga

Mécontents de la qualité des services téléphoniques, de la gestion des bonus de recharge et des prix pratiqués par les opérateurs, des représentants des citoyens connectés ont été reçus, le 14 avril dernier, par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Mais l’institution ne semble donc pas avoir convaincu, ni par certaines de ses explications – les difficultés d’un pays sans façade maritime et agressé par les terroristes–, ni du point de vue des promesses de régulation. Régulation largement compromise, en matière de tarifs, par la liberté de fixation des prix, conformément à la loi sur la concurrence. Même si elle évoque des concertations avec les opérateurs de téléphonie mobile, l’Arcep peut essentiellement contrôler la qualité technique du service téléphonique et exiger de la transparence dans la présentation des offres commerciales…

Les organisations de défense des droits des consommateurs soutiennent le mouvement, en brandissant des chiffres éloquents : pour la connexion internet, le giga coûterait plus de 2 000 francs CFA, contre moins de 400 francs au Ghana voisin –certes côtier– et un peu plus de 1 000 francs dans un Niger lui aussi enclavé et agressé.

Non seulement la vie est globalement de plus en plus chère au Faso, mais, en plus, des internautes de plus en plus nombreux utilisent internet comme support d’expression et outil de travail. Beaucoup d’observateurs considèrent que le régime déchu de Roch Marc Christian Kaboré avait commencé à vaciller en novembre 2021, lorsqu’il avait interrompu l’internet mobile pendant 96 heures suite à des troubles sociaux dans la ville de Kaya. Les réactions déboussolées des internautes avaient démontré l’importance de la connexion dans la vie des Burkinabè 2.0. Et donc la difficulté pour eux de s’en priver, ce mardi, pendant une heure…

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