En Tunisie, les autorités ferment les bureaux d’Ennahdha
Siège et locaux fermés, réunions interdites : au lendemain de l’arrestation du chef du parti islamo-conservateur Rached Ghannouchi, le président tunisien continue sa chasse contre ceux qui, selon lui, menacent l’État.
Les autorités tunisiennes ont fermé les bureaux du mouvement islamo-conservateur Ennahdha dans tout le pays, au lendemain de l’arrestation de son chef, Rached Ghannouchi, suscitant une réaction de forte « inquiétude » de l’Union européenne.
« Une force de police s’est présentée au siège principal du parti et a ordonné à tous ceux qui s’y trouvaient d’en sortir avant de le fermer », a expliqué un des dirigeants d’Ennahdha, Riadh Chaibi. « La police a aussi fermé les autres bureaux du parti partout dans le pays et interdit toute réunion dans ces locaux », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le chef du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition dont fait partie Ennahdha et dont le siège a également été fermé par les autorités, a affirmé que la police avait interdit le 18 avril une conférence de presse que son groupe s’apprêtait à tenir pour réagir à l’arrestation de Ghannouchi. « La police a empêché la tenue de la conférence de presse et déployé des barrières devant le siège du parti », a déclaré Ahmed Néjib Chebbi.
Selon une circulaire du ministère de l’Intérieur reproduite par les médias, les réunions dans les bureaux d’Ennahdha sur tout le territoire et celles du FSN dans la région du Grand Tunis ont été interdites à partir du 18 avril en vertu de l’état d’urgence en vigueur dans le pays.
« Guerre sans merci »
Sans évoquer l’arrestation Rached Ghannouchi, le président Kaïs Saïed, s’exprimant lors d’une cérémonie d’hommage aux services de sécurité, a appelé la justice à « assumer son rôle dans cette phase que le pays traverse ». « Nous menons une guerre sans merci contre ceux qui cherchent à porter atteinte à l’État et à ses institutions. »
L’UE a dit suivre « avec beaucoup d’inquiétude les derniers développements » dans le pays. Bruxelles a rappelé « l’importance du respect des droits de la défense ainsi que du droit à un procès équitable » et souligné, à propos d’Ennahdha, « le principe fondamental du pluralisme politique ».
La France a déploré une interpellation qui « s’inscrit dans une vague d’arrestations préoccupantes« , rappelant son « attachement à la liberté d’expression et au respect de l’état de droit ». Paris a aussi « appelé les autorités tunisiennes à veiller au respect de l’indépendance de la justice et des droits de la défense ».
(avec AFP)
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