En RDC, l’Ituri s’enfonce dans la violence
Depuis décembre dernier, 485 civils ont été tués dans cette province du nord-est de la RDC, où l’« état de siège » a été instauré il y a près de deux ans.
Les décomptes macabres se poursuivent en Ituri. Depuis début avril, plus de 150 civils y ont été tués, a déploré mardi le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (OCHA). Dans son dernier rapport trimestriel, fin mars, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, chiffrait à 485 le nombre de civils tués depuis le début de décembre 2022 dans cette province du nord-est de la RDC, riche en or mais en proie aux violences de plusieurs groupes armés.
Parmi eux figurent la milice Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), qui dit défendre la tribu Lendu, et la milice rivale Zaïre, qui affirme protéger les Hema. Après une décennie d’accalmie, le conflit entre Hema et Lendu a repris fin 2017, provoquant la fuite de plus d’un million et demi de personnes et la mort de plusieurs milliers d’autres. L’Ituri est aussi la cible d’attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) affiliées au groupe État islamique.
Attaques contre les infrastructures de base
Le début d’avril a été particulièrement sanglant. Ces deux dernières semaines, des attaques armées ont fait environ 150 morts, affirme l’ONU. Les attaques contre les civils ciblent surtout trois territoires distincts : Djugu, Irumu et Mambasa. Depuis le début du mois, la localité de Komanda, dans le territoire d’Irumu, « est devenue le refuge de milliers de personnes fuyant l’insécurité généralisée » dans la chefferie (regroupement de villages) de Walese Vonkutu, ajoute OCHA.
Le bureau de coordination humanitaire de l’ONU signale aussi des attaques contre les infrastructures de base, notamment contre le centre de santé de Rimba (territoire de Mahagi), « saccagé le 12 avril par des éléments armés ».
État de siège
« La situation sécuritaire en Ituri reste très préoccupante. Ces attaques laissent les communautés dans un grand besoin d’aide et de protection », a commenté à New York Stéphane Dujarric, porte-parole d’António Guterres. Il a noté que « la distribution de l’aide pouvait être retardée dans les zones touchées par les récentes attaques ». « Les autorités doivent renforcer les mesures de protection des civils », a-t-il plaidé.
Comme la province voisine du Nord-Kivu, l’Ituri est depuis près de deux ans sous « état de siège ». Cette mesure exceptionnelle, qui a remplacé l’administration civile par la police et l’armée, n’est toutefois pas parvenue à stopper les violences.
(Avec AFP)
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