Au Soudan, les combats répondent aux appels au cessez-le-feu
Au quatrième jour de la bataille rangée entre les forces des généraux al-Burhane et Hemetti, Khartoum continue d’être le théâtre d’explosions et de rafales. Sans électricité ni eau courante, les habitants vont manquer de nourriture rapidement.
Des tirs et des explosions ont encore secoué Khartoum, le 18 avril, en dépit d’appels à la trêve, au quatrième jour de combats entre l’armée et les paramilitaires qui ont fait près de 200 morts. À l’issue d’une médiation du Soudan du Sud, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Dagalo , dit « Hemetti », et l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux commandes depuis le putsch de 2021, s’étaient engagées à une trêve de 24 heures pour évacuer les civils des régions les plus dangereuses.
Mais à l’heure dite, explosions, colonnes de fumée, odeur de poudre et rafales de tirs envahissaient toujours la ville. « Il n’y a aucun signe d’apaisement à Khartoum et dans plusieurs autres zones », a constaté l’ONU en soirée. L’armée et les FSR se sont empressés de s’accuser mutuellement d’avoir « violé la trêve ».
Raids aériens sur des zones densément peuplées
Les avions militaires survolent toujours Khartoum où ils ont frappé quatre hôpitaux, selon des médecins. Dans tout le pays, « 16 hôpitaux sont désormais hors service ». Alors que les combats se concentrent à Khartoum et dans la région du Darfour (ouest), la Croix-Rouge et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont appelé les belligérants à garantir l’accès aux personnes dans le besoin.
Mais les appels du G7, de l’ONU et des États-Unis à mettre fin aux violences n’y font rien : des hommes en treillis, parfois enturbannés comme les nomades de la région du Darfour, continuent de faire régner la terreur à Khartoum, tandis que les raids aériens de l’armée touchent des zones densément peuplées.
Les habitants, eux, sont en majorité cloîtrés chez eux sans électricité ni eau courante et voient leur stocks de nourriture fondre depuis que le conflit politique entre les deux généraux a dégénéré en bataille rangée. Civils et diplomates les pressaient de s’accorder sur un calendrier et les conditions d’intégration des FSR à l’armée pour relancer la transition démocratique, mais faute d’accord, ils ont sorti les armes.
Difficultés d’approvisionnement
Au quatrième jour de violence, les rares épiceries ouvertes préviennent qu’elles ne tiendront plus longtemps sans réapprovisionnement. Des habitants commencent à partir pour la province qui borde le sud la capitale où il n’y a pas de combats. Sous un ciel barré de colonnes d’épaisse fumée noire au-dessus des QG de l’armée et des paramilitaires, d’autres s’aventurent dehors à la recherche de nourriture ou d’un générateur.
Au Darfour, bastion du général Dagalo et de milliers de ses hommes qui y ont mené des atrocités durant la guerre lancée dans cette région en 2003, Médecins sans Frontières (MSF) a dit avoir accueilli en trois jours 183 blessés, « dont beaucoup d’enfants » dans son dernier hôpital fonctionnel. Impossible de savoir quelle force contrôle quoi. Les deux camps disent par communiqués interposés tenir l’aéroport, le palais présidentiel ou encore le QG de l’état-major. L’armée dénonce « un coup d’État » de « rebelles soutenus par l’étranger », quand Hemetti déclare lutter « pour la liberté, la justice et la démocratie ».
Ce slogan de la « révolution » de 2019 était jusqu’à récemment encore scandé dans la rue par les militants prodémocratie voulant en finir avec le pouvoir militaire, quasiment une constante au Soudan depuis l’indépendance en 1956.
(avec AFP)
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