La Tunisie rejette les critiques après l’arrestation de Ghannouchi
Par la voix du ministère des Affaires étrangères, Tunis rappelle ses partenaires à soutenir ses efforts pour « redresser une situation économique sous grande tension » plutôt qu’à pratiquer « une ingérence inacceptable » dans ses affaires internes.
« Inadmissibles » : Tunis a fermement rejeté les inquiétudes, exprimées notamment en Europe, après l’arrestation de l’opposant islamiste Rached Ghannouchi qui avait affirmé que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique, comme Ennahdha, y étaient éliminés.
Le 18 avril, l’Union européenne a dit suivre « avec beaucoup d’inquiétude les derniers développements » dans le pays, citant l’arrestation de Ghannouchi et la fermeture des locaux de son parti, avant de rappeler « le principe fondamental du pluralisme politique ». La France a pour sa part noté que cette interpellation « s’inscrit dans une vague d’arrestations préoccupantes », rappelant son « attachement à la liberté d’expression et au respect de l’état de droit ».
Pour les États-Unis, ces arrestations représentent une « escalade inquiétante ». « Les arrestations par le gouvernement tunisien d’opposants et de critiques sont fondamentalement contraires aux principes que les Tunisiens ont adoptés dans une Constitution qui garantit de manière explicite la liberté d’opinion, de pensée et d’expression », a affirmé un communiqué du porte-parole du département d’Etat américain, Vedant Patel.
« Amateurisme »
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a immédiatement réagit par voie de communiqué en affirmant que « les lois de la République s’appliquent à tous les justiciables sans exception, avec toutes les garanties légales », et que « la justice s’exerce sereinement, sans être influencée par la vague de commentaires inappropriés et inadmissibles ». Il a soutenu que ces commentaires « ne peuvent qu’affecter les efforts intenses du pays pour redresser une situation économique et financière sous grande tension du fait, en grande partie, de la mauvaise gouvernance et de l’amateurisme ayant caractérisé la décennie écoulée » pendant laquelle le parti Ennahdha de Ghannouchi jouait un rôle politique de premier plan.
« Ces communications constituent une ingérence inacceptable dans les affaires internes de la Tunisie émanant de parties pourtant informées sur les réalités du pays », a ajouté le ministère tunisien, soulignant de nouveau « l’importance du redémarrage de l’économie tunisienne dans les meilleures conditions possibles ».
(avec AFP)
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