Néobanques, mobile money… Les futurs leaders africains de la fintech
Parmi nos 20 futurs champions de la tech, les start-up de la fintech se taillent la part du lion avec six représentants. Néobanque, solutions de gestion d’entreprises pour petits marchands, plateforme de transfert d’argent multicanal ou outils simplifiant le recouvrement… Voici leurs portraits.
Les 20 futurs champions de la tech africaine
Fintech, e-commerce, healthtech… Dans quels secteurs les start-up africaines les plus prometteuses se distinguent-elles ?
LES 20 FUTURS CHAMPIONS DE LA TECH – Comme en témoigne notre sélection, les start-up de la fintech restent les plus plébiscitées par les investisseurs en Afrique. Premier agent de l’inclusion financière sur le continent, elles parviennent mieux que d’autres à générer rapidement des revenus. Voici les business models des jeunes pousses les plus prometteuses du continent selon Jeune Afrique.
LandLord Heaven (Nigeria)
Le paradis des propriétaires
Proche d’Iyinoluwa Aboyeji, le cofondateur d’Andela et Flutterwave, Adekunle Jinadu est un chef d’entreprise discret. Bien que sa nouvelle start-up, LandLord Heaven, créée en octobre dernier avec son associé Emmanuel Mesole, soit déjà en train de lever des fonds, ce serial entrepreneur n’en fait aucune mention sur les réseaux sociaux. Pourtant, son application promet le « paradis » à des propriétaires de logements trop souvent victimes d’arnaques. Avec cette solution, ils peuvent louer leurs biens de manière sécurisée tout en se protégeant d’éventuels impayés, grâce au support d’un géant européen de l’assurance avec qui cet ingénieur informatique, passé par Ericsson, a signé un partenariat. Un business model qui semble gagnant puisque LandLord Heaven gère déjà « plus de 1 million de dollars de valeur locative annuelle, un an seulement après le lancement de la version bêta », avance un investisseur. Grâce à cette nouvelle entreprise, localisée à la fois à San Francisco et à Lagos, « Kunle » ambitionne de couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur du logement, lui qui dirige déjà en parallèle une plateforme de vente immobilière.
Kuunda Digital (Maurice)
Le mobile money même sans liquidités
Petite entorse à nos critères de sélection, c’est en 2018 que cette fintech a été créée, à Maurice. Mais son activité de levée de fonds n’a commencé qu’en 2021 avec un tour de table en amorçage de 2,3 millions de dollars. Capable de définir des profils d’emprunteurs à partir du comportement financier de ses différents clients, Kuunda développe deux solutions. La première, Cash Cash, est un service de microfinance traditionnel pour agents et marchands. La seconde, Hapa Cash, permet aux consommateurs d’acheter du crédit téléphonique à tout moment, même avec un solde négatif sur leur portefeuille mobile, et aux agents d’assurer des dépôts aux clients même s’ils ne disposent pas d’argent liquide. Cette innovation rend ainsi possible la résolution de l’un des goulots d’étranglement majeurs du mobile money : la disponibilité des liquidités. Facilement réplicable, Kuunda est déjà présente en Tanzanie, au Pakistan, en Afrique du Sud et au Kenya, ainsi que dans certains des marchés où Airtel Africa – son partenaire – est implanté. Créée par un trio composé du Belge Samuel Brawerman – un expert du mobile money – et des Sud-Africains Andrew Milne et Morné van der Westhuizen, l’entreprise revendique 1,6 million d’utilisateurs actifs par mois.
Lemonade Finance (Nigeria)
La banque des entrepreneurs de la diaspora
Permettre aux diasporas africaines d’envoyer des fonds dans leur pays d’origine, c’est l’ambition d’Olalere Ridwan et Rian Cochran, lorsqu’ils créent Lemonade Finance en 2020. En 2021, ils mènent à bien, notamment grâce à l’accélérateur américain Y Combinator, deux levées de fonds pour un montant total de 850 000 dollars. Lemonade finance est une banque digitale innovante, qui permet à ses utilisateurs de transférer de l’argent sans frais et rapidement dans plus de 20 pays d’Afrique, depuis les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. Elle répond en particulier aux besoins des Africains expatriés, à la tête d’une entreprise dans leur pays d’origine et qui doivent détenir des fonds dans deux monnaies différentes. La start-up nigériane, qui revendique plus de 100 000 utilisateurs, leur propose de conserver leur solde dans les devises qui leur conviennent, en les convertissant facilement de l’une à l’autre.
Churpy (Kenya)
La Fintech qui vérifie vos factures
Lorsqu’ils créent Churpy en avril 2021, John Juma et Kennedy Mukuna partent d’un constat simple : de nombreuses entreprises africaines enregistrent des retards de paiement de la part de leurs clients. Or, les petites et moyennes entreprises n’ont ni la capacité ni le temps de traiter leurs données de facturation. La fintech kényane a donc créé un logiciel qui automatise le processus de traitement des paiements. Grâce à sa connexion avec les plus grandes banques de la région (Citibank, Standard Chartered ou NCBA), Churpy permet de comparer facilement les factures aux paiements entrants, le tout avec une interface unique. Après seulement deux ans d’existence, l’entreprise a déjà levé 1 million de dollars et reçu plusieurs récompenses : la dernière au mois de mars 2023, lors du Connected Kenya Summit, durant lequel la jeune pousse a été désignée parmi les fintechs kényanes les plus innovantes.
Djamo (Côte d’Ivoire)
La néobanque élitiste
Cité par trois investisseurs lors de notre enquête, il ne faisait aucun doute que Djamo devait figurer dans notre liste. C’est la seule néobanque d’Afrique francophone, créée fin 2020 par les Ivoiriens Régis Bamba, ancien ingénieur chez MTN, et Hassan Bourgui, multi-entrepreneur qui a revendu sa première start-up fondée au Pérou, qui fournit des services bancaires digitaux sans frais, accompagnés d’une carte de paiement. Interopérable avec les solutions de mobile money, Djamo cible l’élite ivoirienne digitalisée et a levé, en novembre, 14 millions de dollars – le tour de table le plus important de Côte d’Ivoire – pour étendre ses services en Afrique francophone. La fintech, qui est passée par les bancs de l’incubateur américain Y Combinator en 2021, et compte notamment le fonds Partech Africa et le conglomérat malgache Axian à son tour de table, a été lancée au Sénégal il y a huit mois. Elle revendique actuellement 500 000 clients.
Glade (Nigeria)
Faciliter la collecte des paiements
Lors de sa première expérience de création d’entreprise (la plateforme d’échange Payit), Liyi Victor constate que les entreprises nigérianes rencontrent des difficultés à collecter les paiements de leurs clients. Pour répondre à cette problématique, il cofonde Glade en 2019 avec Temitope Hundeyin. La start-up propose, aux petites et moyennes entreprises, un compte bancaire en ligne, qui leur offre la possibilité de recevoir les paiements de leurs clients grâce à plusieurs canaux (mobile money, carte de crédit, virement bancaire), de réduire leurs frais de transaction, de sécuriser leurs paiements transfrontaliers, et de faciliter leur accès au crédit. Suite à la collecte de 25 000 dollars lors de son lancement, la start-up, qui compte actuellement plus de 6 000 entreprises clientes, a montré qu’elle avait du potentiel, en réussissant une levée de fonds de 125 000 dollars supplémentaires en juillet 2022.
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