El-Béchir sous bonne garde au Soudan malgré le chaos
Un ancien cadre du régime déchu en 2019 a annoncé s’être évadé de prison, avec plusieurs ex-collaborateurs. L’ancien président serait lui sous la garde de la police judiciaire dans un hôpital. Le bureau du procureur de la CPI suit les événements de près.
Un ancien responsable soudanais soupçonné de crimes contre l’humanité s’est évadé de prison en compagnie de plusieurs ex-collaborateurs. Profitant de la situation chaotique, Ahmed Haroun a annoncé le 25 avril s’être évadé de la prison de Kober à Khartoum, avec d’autres hauts responsables du régime islamo-militaire.
« Nous sommes restés en détention à Kober pendant neuf jours […] et nous avons désormais la responsabilité de notre protection » dans un autre lieu, a-t-il affirmé dans une allocution diffusée sur une chaîne de télévision soudanaise. Omar el-Béchir avait lui été transféré avant le début des combats dans un hôpital où il se trouve toujours « sous la garde de la police judiciaire », selon l’armée.
L’ex-président est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’Humanité » au Darfour, dans l’ouest du Soudan, tout comme Ahmed Haroun. Le bureau du procureur de la CPI a indiqué suivre de près les événements, observant que les informations sur les personnes incarcérées à Kober n’avaient pas été « confirmées de manière indépendante ».
Pourparlers
Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu conclu sous l’égide des États-Unis, les combats meurtriers n’ont pas cessé depuis le 15 avril entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Dagalo et l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane.
Le 26 avril, les affrontements continuaient dans la capitale. Le chef de la mission de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, s’est dit « profondément préoccupé par les récentes informations faisant état de violences tribales à El-Geneina », la capitale du Darfour-Ouest, incluant « des attaques contre les civils, des pillages et des distributions d’armes ».
L’armée a annoncé « l’envoi d’un représentant à Juba », la capitale du Soudan du Sud voisin, pour des pourparlers « à l’initiative de l’Igad » avec un représentant des paramilitaires. D’après un communiqué des forces armées, ils visent la « prolongation de 72 heures de la trêve » qui doit prendre fin ce 27 avril au soir. Les FSR de leur côté n’ont pas fait état de ces discussions.
Alliés lors du coup d’État d’octobre 2021, les deux généraux Burhane et Dagalo se livrent aujourd’hui une guerre sans merci. Le putsch avait mis fin à la transition démocratique qui a suivi la chute d’Omar el-Béchir, déchu en 2019 sous la pression de la rue et emprisonné après trente ans de pouvoir.
« Déflagration régionale »
Le 26 avril, l’Union africaine a mis en garde contre un « risque de déflagration régionale et d’internationalisation du conflit ». Quelque « 6 000 personnes de différentes nationalités ont traversé » la frontière avec l’Éthiopie, a déclaré un responsable soudanais du poste-frontière de Gallabat (Est). Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont déjà arrivées dans les pays frontaliers du Soudan, selon l’ONU qui craint un exode massif et estime qu’au total, 270 000 personnes pourraient fuir au Tchad et au Soudan du Sud.
Un bateau transportant 1 687 civils originaires de plus d’une cinquantaine de pays est arrivé en Arabie saoudite. 245 ressortissants français et étrangers évacués par avion par les autorités françaises ont atterri près de Paris et le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé avoir évacué plus de 300 personnes, en majorité britanniques.
Ceux qui ne peuvent pas quitter Khartoum, une ville de plus de cinq millions d’habitants, tentent de survivre privés d’eau et d’électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures de tlépéhone et d’internet. À Khartoum, plus de 60 % des centres médicaux sont fermés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Qui a ajouté qu’une « évaluation approfondie des risques » sanitaires était en cours après la prise par l’un des deux camps d’un « laboratoire public » qui renferme des agents pathogènes tels que la rougeole, le choléra et la poliomyélite.
(avec AFP)
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