Après les attaques de Sévaré, le Mali pris dans la spirale de la désinformation

La mission onusienne de maintien de la paix (Minusma) est visée par une campagne de fake news qui a conduit à l’agression de deux de ses employés civils.

© Damien Glez

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Publié le 27 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Après le départ de nombreux militaires étrangers du sol malien, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a toutes les raisons de se sentir gênée aux entournures.

Des raisons structurelles que rencontrent beaucoup de Casques bleus dans de nombreuses de zones de conflits – raisons notamment liées à leurs prérogatives – et des raisons spécifiques à la présence au Mali, comme certaines restrictions dans des zones où la Mission est pourtant censée mener des enquêtes sur de présumées exactions. À ces bâtons que le régime d’Assimi Goïta met dans les roues de la Minusma, s’ajoutent aujourd’hui les méfaits de la désinformation…

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Le 22 avril, le camp des Forces armées maliennes (Fama) de Sévaré était visé par une attaque terroriste. Si les regards des observateurs se tournèrent rapidement vers le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), des théories manifestement complotistes commencèrent à circuler sur les réseaux sociaux.

D’après plusieurs posts, c’est la Minusma – composée notamment d’un contingent sénégalais – qui organiserait ces agressions. Le jour même des attaques, cette dernière les avait pourtant fermement condamnées, les qualifiant de proprement « inacceptables. Cela d’autant plus que s’attaquer aux civils est contraire aux principes humanitaires et constitue une atteinte grave au droit international qui protège les civils en temps de conflit armé ».

Incubateur à fake news

Le 25 avril, face à la diffusion virale des fake news et après l’agression de deux de ses salariés sur un site de déplacés internes, la Minusma a publié une mise au point dans laquelle elle a appelé à faire « attention à la désinformation sur les réseaux sociaux ». Pourquoi la mission onusienne a-t-elle été amenée à tirer, quelques jours plus tôt, alors que son statut rend la plus rare possible cette éventualité ? La mise au point précise que les Casques bleus « ont riposté à des tirs d’assaillants armés en légitime défense », et, en aucun cas, « sur des civils ».

« Qui pourrait croire ces accusations absurdes contre la Minusma ? » renchérit la porte-parole de la Mission onusienne au Mali. À cette question, les accusateurs supputent qu’à deux mois de la rediscussion du mandat de l’opération de maintien de la paix, les Nations unies chercheraient à légitimer leur présence…

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Les rumeurs ont la vie dure, surtout lorsqu’elles sont calibrées par un incubateur de fake news. Dans sa « cartographie de la désinformation, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique rappelle que le continent africain est de plus en plus souvent la cible de campagnes de fausses informations, dans le but de faire avancer un objectif politique. Et les regards de se tourner, cette fois, vers des acteurs non africains mais anti-occidentaux

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