Les jihadistes de l’État islamique arrêtés au Maroc étaient-ils en route vers le Sahel ?

Moins d’un mois après l’arrestation des responsables de la mort d’un policier à Casablanca, le Bureau central d’investigations judiciaires a annoncé celle de treize autres individus se revendiquant également de Daech.

Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), sous tutelle du ministère de l’Intérieur, à Rabat-Salé au Maroc. © Hassan Ouazzani pour JA

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Publié le 2 mai 2023 Lecture : 3 minutes.

Une opération menée le 27 avril dernier, par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), relevant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a permis l’interpellation de treize terroristes dans pas moins de dix villes marocaines. Cette descente de police, coordonnée avec les services préfectoraux de la police judiciaire, a eu lieu simultanément à Casablanca, Béni Mellal, Mohammédia, Khénifra, Témara, Tiflet, Tanger, Ksar El-Kébir, Rissani et Berkane. Selon le communiqué de la BCIJ, l’intervention policière a été directement supervisée par le parquet chargé des affaires de terrorisme et d’extrémisme.*

Le Sahel, destination « de premier choix »

Les individus interpellés, âgés de 19 ans à 49 ans, qui ont prêté allégeance à l’organisation terroriste Daech, disposent pour la majorité « d’un niveau d’études secondaire, voire primaire, et s’adonnent pour la plupart à des activités professionnelles diverses (peintre en bâtiment, menuisier, marchand ambulant, employé) ». D’après les premières révélations, une partie d’entre eux est constituée de candidats au jihad au Sahel, informent des sources sécuritaires.

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Ceux-là, explique la même source, « se déploient pour entrer en contact avec des opérationnels de ladite entité terroriste en mesure de les cautionner et les assister dans leur périple vers l’une des wilayas de Daech en Afrique ». La région étant devenue « une destination de premier choix pour les extrémistes en Afrique du nord, en raison de la proximité géographique, la porosité des frontières de certains pays limitrophes et la propagande médiatique de la chefferie de Daech incitant ses affidés à rallier les branches de cette entité terroriste, en mettant en relief ses “exploits militaires” contre les armées locales », indique-t-on.

Les perquisitions effectuées au domicile des suspects ont permis la saisie d’équipements et de supports numériques qui sont en cours d’analyse, mais aussi d’écrits et de tracts d’idéologues extrémistes faisant l’apologie du terrorisme, encourageant les attentats suicide et incitant à la violence.

Selon les données de l’enquête préliminaire, une partie des suspects serait mêlée à la préparation d’actions de sabotage visant des installations et des sites névralgiques, mais aussi des personnes et des institutions de sécurité. Opérant selon le procédé des « loups solitaires », ils auraient ciblé « des lieux fréquentés par les étrangers, ainsi que l’une des prisons abritant des détenus poursuivis pour terrorisme pour leur libération », précisent les sources policières qui ajoute que « les mis en cause ont planifié de s’en prendre à l’aide d’armes blanches aux éléments des services de sécurité ».

Leur mode opératoire impliquait, selon la même source : le repérage de cibles, en parallèle de recherches internet ayant pour but « d’assimiler les méthodes et techniques de confection des explosifs et de poisons devant être utilisées pour la réalisation de leurs équipées jihadistes ».

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Mort d’un policier à Casablanca

En mars dernier, après la mort d’un policier d’Errahma dont le corps a été retrouvé calciné, la police judiciaire de Casablanca avait appréhendé trois personnes affiliées à Daech. Soupçonnées de meurtre avec préméditation dans le cadre d’un projet terroriste, elles auraient eu l’intention d’exécuter un fonctionnaire de police. Leur plan : s’emparer de son arme de service, dans le but de braquer une agence bancaire.

Les deux principaux suspects ont été arrêtés lors d’opérations simultanées à Casablanca et à Sidi Harazem, en périphérie de la ville de Fès, avant que le troisième suspect ne soit arrêté lors d’une opération ultérieure dans la ville de Casablanca. Leurs interrogatoires ont permis l’arrestation de dix autres complices appartenant au même groupe terroriste. Ils ont été placés sous mandat de dépôt à la prison de Salé, sur ordre du juge d’instruction. Quelques jours plus tard, l’un des trois détenus, s’est suicidé dans sa cellule.

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Les treize islamistes arrêtés dans le coup de filet antiterroriste ont depuis été placés en garde à vue, dans le cadre de l’enquête judiciaire menée par le bureau central d’investigations judiciaires, en vue de cerner leurs projets terroristes et déterminer leurs connexions avec des personnes ou des organisations terroristes sur les plans régional et international.

(*) Cet article a été réactualisé ce mercredi 3 mai, pour intégrer les précisions portant sur la destination finale des présumés jihadistes arrêtes par les autorités marocaines. 

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