[Série] L’Afrique face à une nouvelle ère du développement
Banque mondiale, FMI, BAD… Ces institutions ont déployé de grands efforts face au Covid-19 et aux répercussions de la guerre en Ukraine. Aujourd’hui confrontées à des tensions de trésorerie, elles doivent pourtant accélérer le soutien à la transition énergétique des grands pays émergents. Cela se fera-t-il au détriment de l’Afrique ?
L’Afrique confrontée aux nouvelles variables du développement
Après les récentes crises, les institutions internationales connaissent des tensions de trésorerie, alors qu’elles doivent accélérer le soutien à la transition énergétique des grands pays émergents. Cela se fera-t-il au détriment du continent ?
C’est à Khartoum – qui subit aujourd’hui une sanglante guerre de clans entre l’armée « régulière » et les paramilitaires – que David Malpass, président sortant de la Banque mondiale avait alerté, il y a un an et demi, sur la « période de bouleversements » que traverse le monde du développement.
Fixer des priorités claires
Bien avant le début du conflit en Ukraine – et ses effets délétères sur les biens alimentaires et le marché de l’énergie –, et très en amont de la remontée des taux d’intérêts sur les marchés internationaux qui bouleversent les finances des pays africains – déjà confrontés aux risques de surendettement –, l’économiste américain s’était ému de « la perte des acquis du développement ». Alors que la crise du Covid-19 avait déjà « fait basculer près de 100 millions de personnes dans l’extrême pauvreté », il avait appelé à l’élaboration « de nouvelles approches solides ».
« Nous devons mieux cibler nos efforts, fixer des priorités claires en mesurant ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et amplifier rapidement les succès », avait-il insisté. Aux ravages du Covid-19 se sont ajoutées les crises énergétique, alimentaire, inflationniste et budgétaire, les institutions de développement sont désormais confrontées non seulement à des problèmes de trésorerie mais également à de nouveaux arbitrages quant à leurs priorités.
Elles doivent notamment décider de la part de leurs ressources à accorder aux grands pays émergents en vue d’accroître la « prospérité partagée » mais également – et surtout – afin de financer leur transition énergétique. Ceux-ci – Chine, Brésil, Inde, Vietnam, Indonésie…– figurent en effet, ces dernières années, parmi les plus grands contributeurs aux émissions de dioxyde de carbone. Le monde du développement doit également composer avec l’endettement des pays du continent, alors que le secteur public africain représente une part très élevée du stock de prêts – 76,5 % dans le cas de la Banque africaine de développement (BAD) en 2020).
Nouvelle donne
Plusieurs institutions, au premier rang desquelles le groupe de la Banque mondiale, réfléchissent à la formulation d’une nouvelle stratégie tenant compte de ces nouveaux impératifs tandis que le G20 a mobilisé de nombreux experts – parmi lesquels la Sud-Africaine Maria Ramos, ancienne patron d’Absa Bank, et l’économiste camerounaise Vera Songwe, ex-secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique – afin de fournir une feuille de route sur « l’actualisation de l’écosystème » des institutions multilatérales de développement.
Si les délibérations de ces instances ne sont pas encore finalisées, pour les pays africains, qui vont tâcher de les influencer et, surtout, de s’adapter à cette nouvelle donne du développement, le temps est désormais compté.
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L’Afrique confrontée aux nouvelles variables du développement
Après les récentes crises, les institutions internationales connaissent des tensions de trésorerie, alors qu’elles doivent accélérer le soutien à la transition énergétique des grands pays émergents. Cela se fera-t-il au détriment du continent ?
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