Le Soudan toujours plus proche du « point de rupture », la Ligue arabe se réunit

Les généraux ennemis Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti », ont accepté de prolonger un cessez-le-feu de trois jours, après une « médiation des États-Unis et de l’Arabie saoudite ». Mais les combats se poursuivent et la situation humanitaire se dégrade fortement, alertent l’ONU et l’OMS.

De nombreux pays ont évacué leurs ressortissants résidant au Soudan, comme ici sur un navire saoudien, le 30 avril, lors de son arrivée au port de Djeddah, en Arabie saoudite. © Fayez NURELDINE / AFP.

Publié le 1 mai 2023 Lecture : 3 minutes.

La trêve aura beau avoir été prolongée, les tirs, raids aériens et explosions ont continué de secouer Khartoum ce 1er mai. La capitale du Soudan, peuplée de cinq millions d’habitants, est « survolée par les avions de combat » tandis que des tirs et des explosions résonnent dans différents quartiers, ont rapporté des témoins.

Le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti », avaient accepté de prolonger le 30 avril à minuit le cessez-le-feu de trois jours, après une « médiation des États-Unis et de l’Arabie saoudite », selon l’armée soudanaise.

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Depuis le début du conflit, plusieurs trêves ont été annoncées avant d’être aussitôt violées. Selon les experts, elles signifient uniquement que les couloirs sécurisés pour les évacuations des étrangers sont maintenus et que les négociations, qui ont lieu à l’étranger, se poursuivent. Jusqu’ici, les deux généraux refusent des négociations directes.

La Ligue arabe se réunit ce 1er mai au Caire pour discuter de la situation, après que les Émirats arabes unis, alliés du général Daglo, ont annoncé avoir appelé le chef de l’armée. Le général Burhane a envoyé un émissaire la veille à Ryad, qui réclame une réunion le 3 mai de l’Organisation de la coopération islamique.

Reprise des activités du Programme alimentaire mondial

« L’échelle et la vitesse à laquelle se déroulent les événements au Soudan [sont] sans précédent », a estimé le 30 avril l’ONU, qui a dépêché dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths. « Je suis en route […] afin d’étudier comment nous pouvons apporter une aide immédiate » aux habitants, a déclaré ce dernier, estimant que la « situation humanitaire atteint un point de rupture ».

Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a « épuisé la plupart de nos stocks », a-t-il dit. Malgré tout, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé « lever immédiatement la suspension de ses activités », ordonnée après la mort de trois de ses employés.

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Plus de 500 tués

Les combats, qui ont éclaté le 15 avril entre les deux généraux aux commandes du pays depuis leur putsch de 2021, ont fait 528 morts et 4 599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est parvenu le 30 avril à faire atterrir à Port-Soudan, à 850 kilomètres à l’est de Khartoum, un premier avion chargé de huit tonnes d’aide. Cela ne soignera que « 1 500 blessés », a-t-il prévenu.

L’ONU a recensé 75 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. Au moins 20 000 ont fui vers le Tchad, 6 000 vers la Centrafrique et des milliers d’autres vers le Soudan du Sud et l’Éthiopie. Au total, jusqu’à 270 000 personnes, selon une estimation de l’ONU, pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 États de ce pays de 45 millions d’habitants.

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Seuls 16 % des hôpitaux de Khartoum à pleine capacité

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la crise sanitaire déjà « bien connue » au Soudan est désormais passée à l’état de « catastrophe ». Après 20 ans d’embargo international, « le système de santé était confronté à de multiples crises, avec des infrastructures extrêmement fragiles », a expliqué Ahmed al-Mandhari, le directeur régional de l’OMS.

Aujourd’hui, dit-il, « seuls 16 % des hôpitaux de Khartoum opèrent à pleine capacité », les autres ayant été bombardés, occupés par des belligérants ou n’ont plus de personnel et de stocks. L’État de Khartoum a donné « congé jusqu’à nouvel ordre » aux fonctionnaires, tandis que la police s’est déployée pour prévenir les pillages.

(avec AFP)

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