Les Zimbabwéens mettent les espoirs sur le nouveau gouvernement (ANALYSE)

Publié le 12 février 2009 Lecture : 7 minutes.

Le dirigeant de la plus importante faction du Mouvement pour le changement démocratique ( MDC), Morgan Tsvangirai, a prêté serment comme Premier ministre mercredi. Arthur Mutambara de la plus petite faction et la vice- présidente du MDC, Thokozani Khupe, en tant que les deux vice- Premiers ministres ont prêté serment le même jour, pendant que les ministres et leurs adjoints issus des trois partis seront assermentés vendredi, pour former ainsi un nouveau gouvernement d’union nationale. Le gouvernement d’union nationale sera constitué de la Zanu-PF du président Mugabe et des deux factions du MDC, alors que les Zimbawéens espèrent qu’une nouvelle pratique politique diminuera la pauvreté abjecte de la majorité des citoyens. Le dernier gouvernement a été dissout en mars 2008 et un nouveau n’a pas pu être formé étant donné que les partis se sont d’abord chamaillés sur la gestion des élections de l’année dernière, et ensuite sur l’allocation des portefeuilles du cabinet. Alors que Tsvangirai avait initialement refusé de faire partie du gouvernement d’union nationale tant que toutes les préoccupations de son parti ne sont pas traitées, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) lui a tordu le bras pour qu’il accepte les termes actuels, de peur que Mugabe ne forme seul le gouvernement avec Mutambara. Ce qui aurait laissé Tsvangirai et son parti en simples spectateurs. En acceptant finalement de se joindre au gouvernement d’union nationale, Tsvangirai a indiqué qu’il le faisait parce que les Zimbabwéens ont souffert pendant trop longtemps et il est nécessaire d’ouvrir un nouveau chapitre du dialogue. En dépit des suspicions qui subsistent encore, les Zimbabwéens mettent actuellement leurs espoirs sur le nouveau gouvernement, qu’ils voient comme la seule option viable pour résoudre les problèmes du pays. Ils espèrent aussi que les partis sauront s’éloigner de la politique mesquine et s’aider mutuellement pour planifier la solution pour un Zimbabwe prospère. Même ceux qui s’opposent au leadership de Mugabe ont considéré la nouvelle configuration comme une étape positive vers la solution des problèmes politiques et économiques du pays. Ils espèrent maintenant que la bonne volonté va prévaloir entre les trois parties, et particulièrement entre Mugabe et Tsvangirai, afin que le pays avance. Toutefois, quelques cyniques ont rejeté le gouvernement d’union nationale en le qualifiant de mariage de courte durée, dans lequel les mariés vont sur l’autel pour s’échanger des promesses alors qu’ils ont les papiers du divorce dans les poches. Mais, la majeure partie du peuple veut que le mariage fonctionne de toutes les manières, pour le bien des enfants. Avec une inflation qui monte en flêche à des niveaux sans précédent et un taux de chômage s’élevant à plus de 90%, plusieurs Zimbabwéens croient que c’est la seule voie vers le bon vieux temps, où la plupart d’entre eux pouvaient se donner trois repas par jour. La déclaration de politique financière et monétaire récemment annoncée par le gouvernement et la Banque de réserve du Zimbabwe, respectivement, malgré les nobles intentions pour rendre disponible les aliments et d’autres denrées, a en réalité, laissé plusieurs personnes dans un pire état. Pendant qu’il a été donné aux entreprises le pouvoir de faire le commerce en monnaie étrangère côte-à-côte avec le dollar zimbabwéen, toutes acceptent maintenant seulement le dollar américain, le rand sud-africain et le pula botswanais. Aucune des entreprises n’accepte la monnaie locale alors que d’autres acceptent l’euro et la livre sterling dans une certaine mesure. Le gouvernement a autorisé les entreprises faisant le commerce en dévises étrangères à payer leurs ouvriers aussi en monnaie étrangère, mais la majorité d’entre elles prendront du temps pour générer suffisamment de revenus leur permettant de le faire. Au moment où les difficultés économiques se sont empirées au cours de la dernière décennie, plusieurs compagnies ont soit fermé complètement ou se sont réduites proportionnellement en deça de 10% de leurs capacités. « La chose la plus importante pour tout gouvernement est de restaurer et alors accroître la valeur de la monnaie locale. Pendant qu’il est vrai que le Zimbabwe est actuellement sur un système à plusieurs dévises, il se dit que les autorités n’ont pas réussi à protéger leur propre dévise et l’ont laissée à la merci des loups qui exploitent actuellement le peuple, » a déclaré un travailleur qui n’a pas pu utiliser sa monnaie locale dans des boutiques de vente en détail. Beaucoup de gens soutiennent que la monnaie étrangère, une fois en abondance, étant donné qu’elle s’échange dans le marché noir, est actuellement difficile à obtenir parce que les boutiques autorisées à l’utiliser la prennent en majorité à l’étranger et ne réussissent pas à la rapatrier au Zimbabwe. Ils soutiennent en plus que la majeure partie des dévises étrangères qui ont éu à circuler dans le pays avaient été acquises de toutes les façons de manière illégale. A titre d’exemple, la batée illégale à Chiadzwa dans le Manicaland, où les étrangers affluaient pour acheter les diamants bruts en dévise étrangère. Ainsi, après que le gouvernement a débarassé les champs de diamant des activités illégales, il y a moins de monnaie étrangère qui entre encore au pays. Dans les zones rurales, la population a dû recourir à la vente de leurs animaux d’élevage en dévise étrangère. Actuellement, ils se sont engagés dans le troc, où une famille peut obtenir une chèvre en échange de deux seaux de maïs. Et pour un pays essentiellement agricole, la transformation radicale de l’économie sera longue et ardue parce que beaucoup de gens n’ont pas réussi à cultiver suffisamment en raison de la pénurie des intrants. En effet, le Zimbabwe pourra même aller à une nouvelle élection avant que la plupart des problèmes ne soient résolus. Les Zimbabwéens ont aussi constaté que pour que l’économie se remette sur ses pieds, il faut une aide de l’étranger. Les principaux bailleurs de fonds ont, toutefois, indiqué qu’ils viendront seulement aider s’ils sont satisfaits par le fonctionnement normal du nouveau gouvernement. Le gouvernement sud-africain a pris la première mesure en autorisant le Zimbabwe d’adopter le rand comme sa monnaie standard. Ceci aidera à avancer vers une plus grande disponibilité de la rare monnaie étrangère. Les Etats-Unis, qui avaient adopté une position radicale sur le Zimbabwe et affirmé qu’ils ne soutiendraient plus tout gouvernement qui comprenait Mugabe, indiquent maintenant qu’ils voulaient voir comment le nouveau gouvernement fonctionnera. Le département d’Etat américain a indiqué la semaine dernière que son pays pourra seulement examiner l’aide au Zimbabwe quand il aura vu des preuves d’un véritable partage du pouvoir. « Les Etats-Unis examineront seulement une nouvelle aide au développement et l’assouplissement des sanctions ciblées quand nous aurons vu des preuves d’un veritable partage du pouvoir ainsi qu’une gouvernance efficace et inclusive. Nous continuerons à fournir l’aide humanitaire au peuple zimbabwéen en ses moments de souffrance, » a indiqué Wood. Evidemment les alliés des Etats-Unis au sein de l’Union européenne, qui ont récemment allonger la liste des sanctions ciblées contre le Zimbabwe, emboiteront le pas à Washington et assoupliront leur position sur le pays. L’ambassade britannique à Harare a indiqué que le gouvernement anglais est prêt à travailler avec les autres pour soutenir un programme juste et transparent de la réforme agraire au Zimbabwe et qu’il appartient au peuple zimbabwéen de décider sur la question du gouvernement d’union. Toutefois, l’ambassade a indiqué douter qu’avec Mugabe au gouvernement, qu’il y ait suffisamment de bonne volonté chez les bailleurs pour aider à transformer radicalement l’économie. Tsvangirai a indiqué que le changement arrive. Il sait que la tâche devant le nouveau gouvernement est intimidante mais pas insurmontable. De nombreuses questions devront trouver des réponses après la mise en place du nouveau gouvernement. Selon le dernier gouvernement, des centaines de milliers de personnes ont perdu leurs emplois puisque les conditions économiques se sont empirées. Des milliers d’enseignants, ingénieurs, médecins, et infirmières ont quitté le pays pour des pâturages plus verts ailleurs, certains font même des emplois de domestiques pour pouvoir se débrouiller avec leurs familles. Comment pourra le nouveau gouvernement les ramener au pays, particulièrement quand certains ont trouvé de « nouvelles vies » et sont installés ailleurs avec leurs familles? L’économie zimbabwéenne a literallement été dollarisée, même comme le gouverneur de la Banque de réserve du Zimbabwe, Gideon Gono, le rejete. Comment le nouveau ministre du MDC abordera-t-il cette question? Mugabe affirme qu’il n’y a pas de retour en arrière sur les terres prises aux anciens fermiers blancs, et le MDC estime que la manière dont le programme de la réforme agraire a été menée était fausse. Le Zimbabwe s’est retiré du Commonwealth en 2003 en raison de ses divergences avec spécialement la Grande-Brétagne, la Nouvelle Zelande et l’Australie. Va-t-il rejoindre le Club? Quelques soient leurs divergences en terme de programme, les parties savent que le peuple zimbabwéen a assez souffert pendant longtemps et a besoin d’un peu de secours. Le peuple veut maintenant les voir réussir. Il veut moins de chômage et plus d’emploi. Ils ont besoin des écoles et des institutions de santé qui fonctionnent pleinement. Ils veulent voir les infrastructures détruites réhabilitées. Et le plus important, ils veulent un renouvellement de la valeur de la monnaie locale. En d’autres termes, ils veulent que le gouvernement d’union fonctionne pour que leurs problèmes puissent être résolus. Fin

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