Gadio : L’Afrique gagnerait à avoir une coopération avec une grandeentité comme la Chine (INTERVIEW)

Publié le 11 février 2009 Lecture : 4 minutes.

A quelques jours de la visite d’Etat du président chinois Hu Jintao au Sénégal, le ministre d’Etat et ministre des Affaires étrangères sénégalais, Cheikh Tidiane Gadio, fait le point sur l’état des relations sino- sénégalaises, et en appelle à un renforcement des investissements chinois en Afrique, lors d’une interview exclusive accordée mardi à l’Agence de presse Xinhua. Xinhua : M. le ministre d’Etat et ministre des Affaires étrangères, le président chinois va effectuer une visite d’Etat du 13 au 14 février au Sénégal, la première depuis la reprise des relations diplomatiques entre nos deux pays. Quelle est la portée de cette rencontre entre les plus hautes autorités de nos deux pays en terre sénégalaise? Gadio : Le fait que le Sénégal ait été choisi parmi quatre pays africains pour la seconde tournée du Président chinois en Afrique nous honore. Cette rencontre est de très grande portée diplomatique, parce que la Chine a toujours été consciente de l’importance du Sénégal sur l’échiquier africain. La Chine est consciente que le Sénégal joue un rôle important. La longue parenthèse que nous avons eue entre nos deux pays est très malheureuse. Nos relations ont été rapidement rétablies par le président Wade, parce qu’il n’était pas d’accord que le Sénégal s’éloigne d’une grande puissance mondiale comme la Chine. Et, d’un pays qui aura, de plus en plus, un rôle diplomatique majeur dans le monde. Notre diplomatie serait amputée d’un élément important si nous n’avions pas de relations diplomatiques avec la Chine. Xinhua : M. le ministre, quel regard portez-vous sur l’évolution des relations d’amitié et de coopération entre la Chine et le Sénégal ces trois dernières années? Gadio : Ces relations ont prouvé que nous pouvions réaliser beaucoup de choses avec la Chine. Nous déplorons tout de même que de petits pays veuillent individuellement avoir des relations bilatérales très renforcées avec des puissances comme la Chine. L’Afrique pourrait gagner à avoir une coopération en tant que  » Afrique » avec une grande entité comme la Chine. Tout le monde y gagnerait. Le Sénégal a pu faire la différence parce que la Chine ne construit pas que des stades au Sénégal : il y a le grand théâtre national, le musée de la civilisation noire, des nombreux projets d’infrastructure rurale, des hôpitaux pédiatriques, l’intervention de médecins chinois dans nos campagnes, l’agriculture dans laquelle la Chine apporte énormément, ainsi que dans le domaine des infrastructures, où des entreprises chinoises nous apportent des prix très compétitifs. Xinhua : M. le ministre, le président de la République du Sénégal, Maître Abdoulaye Wade avait effectué une visite d’Etat en Chine en juin 2006 et honoré de sa présence le Sommet Chine- Afrique, en novembre de la même année. Comment appréciez-vous la concrétisation des multiples accords sur les projets de coopération économique et technique entre Beijing et Dakar? Gadio. : Nos autres types de relations, de type Union européenne, demandent des procédures plus rigoureuses et cela prend beaucoup plus de temps. Avec la Chine, nous pouvons boucler un projet en l’espace de trois à quatre mois : la mission d’étude et d’évaluation arrive sur le terrain rapidement, fait son étude, ensuite vient la phase du suivi, puis nous entamons directement la réalisation. Voilà la particularité de la Chine. Nous apprécions beaucoup la coopération Chinoise. Xinhua: M. le ministre, le président Abdoulaye Wade a plaidé pour un nouveau type de partenariat stratégique entre la Chine et l’Afrique en général et entre la Chine et le Sénégal en particulier, à la suite du Sommet Chine-Afrique de Beijing. Quel est votre commentaire sur ce point de vue présidentiel dans l’actuel contexte africain et mondial? Gadio. : Tout le monde sait le rôle important joué par le Sénégal lors du dernier Sommet Chine-Afrique : les dirigeants chinois nous ont félicités, et nous avons montré que l’Afrique avait intérêt à diversifier son partenariat. Nous avons nos partenaires traditionnels comme la France, l’UE etc. qui sont des amies. Mais cela ne nous empêche pas de diversifier notre amitié. Nous sommes aujourd’hui très liés aux Américains, aux Indiens, aux Chinois, aux Malaisiens et aux pays arabes. Nous avons des amis partout et nous en sommes fiers. C’est cela une diplomatie ouverte. La Chine est un partenaire incontournable. Lorsque la Chine a annoncé un fonds de 5 milliards de dollars pour aider le continent africain, le seul chef d’Etat qui a dit au président chinois que c’est très peu, c’était le président sénégalais. Les autres ont fait des calculs « cinq fois cinq cents cela fait mille cinq cents milliards ». . . pour eux, cela représentait beaucoup. Nous, le Sénégal, nous avons estimé qu’avec 1. 360 milliards de dollars disponibles en réserves de changes, la Chine pouvait investir 100 à 200 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique et en particulier, au développement des infrastructures, avec un intérêt de retour sur l’investissement tout à fait extraordinaire. C’est pourquoi nous avions dit que 5 milliards de dollars, ce n’était pas « bon ». Nous leur avons dit « au lieu de donner 5 milliards de dollars, mettez 200 milliards de dollars sur l’argent dont vous disposez, pour les investir sur les routes, les autoroutes, les infrastructures, les grandes universités, les grands hôpitaux etc. , et vous verrez ce que cela va donner! » Fin

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