Accusé d’avoir été sous influence russe, François Fillon allume un contre-feu maghrébin
Devant une commission d’enquête parlementaire, l’ancien Premier ministre français s’est défendu de toute ingérence russe et a évoqué d’autres interventions présumées, notamment du Maroc ou de l’Algérie.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 4 mai 2023 Lecture : 2 minutes.
Il est des commissions d’enquête qui devraient susciter d’autres commissions d’enquête. Ce 2 mai, l’unique Premier ministre de l’unique mandat du président français Nicolas Sarkozy était auditionné, à l’Assemblée nationale, par une commission parlementaire consacrée aux « ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (…) ». Dans un contexte de guerre en Ukraine et d’accusations d’interventions russes illégitimes dans plusieurs pays occidentaux, François Fillon était ciblé pour avoir, notamment, prolongé sa longue carrière politique par une présence au sein des conseils d’administration de deux entreprises russes, le géant privé de la pétrochimie, Sibur, et le groupe pétrolier public, Zarubezhneft. S’il a finalement démissionné de ces mandats, en réaction à l’invasion de l’Ukraine, ce n’est pas sans avoir « entendu » les revendications de Moscou concernant l’Otan…
Noyer le poisson ?
Devant la commission de mardi, non sans affirmer n’avoir « jamais touché un centime d’argent venu de Russie », le candidat du parti Les Républicains à la présidentielle de 2017 a tenté de faire diversion, essayant manifestement de détourner les regards du dossier franco-russe. Comme on allume un feu pour arrêter un incendie, François Fillon a saisi au vol le terme « ingérence », mais pour l’attribuer à d’autres nations que celle de Vladimir Poutine. Et l’ancien chef de gouvernement d’évoquer notamment « la Turquie, le Maroc, l’Algérie, qui donnent directement des consignes de vote au moment des élections françaises par l’intermédiaire de responsables religieux »…
En période électorale, l’argument a été régulièrement brandi par la droite radicale française. Certes, les deux derniers seconds tours de la présidentielle française – au casting desquels figurait Marine Le Pen – ont suscité des conseils de vote d’organisations à dimension religieuse, comme la Grande Mosquée de Paris, le Rassemblement des musulmans de France (RMF), ou la fédération Musulmans de France (MF). Mais y voir l’intervention d’États étrangers mériterait que François Fillon développe son propos. En effet, des gouvernements, de droite comme de gauche, ont déjà mis à l’index les financements étrangers de lieux de culte français comme de présumés vecteurs d’influences idéologiques peu conformes au principe de laïcité.
En ce début de semaine, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy voulait vraisemblablement noyer le poisson, sans pour autant lancer une polémique avec la Turquie, le Maroc ou l’Algérie. Il a d’ailleurs également mentionné « l’espionnage chinois » et le fait que l’Agence nationale de la sécurité américaine l’avait mis sur écoute, pendant son mandat de chef de gouvernement. Une diversion qui pourrait tout de même susciter quelques grincements de dents de l’autre côté de la Méditerranée…
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