L’Algérie tire-t-elle un trait sur la CAN 2025 ?
La CAF a publié la liste des pays candidats à l’organisation de la compétition en 2027. Parmi eux, surprise, le dossier algérien déjà déposé pour l’édition 2025. Explications.
Les esprits les plus méfiants ne pourront pas avancer l’hypothèse de la fake news à propos de la candidature de l’Algérie pour l’organisation de la CAN 2027, puisque l’information a été donnée par la Confédération africaine de football (CAF) sur son compte Twitter. Autres candidats annoncés : l’Égypte, le Botswana et le trio composé de l’Ouganda, de la Tanzanie et du Kenya.
La candidature du Botswana peut faire sourire puisque ce pays d’Afrique australe ne dispose actuellement d’aucun stade homologué par la Fifa. Par conséquent, la sélection nationale dispute ses matchs de qualification « à domicile » en Afrique du Sud.
Stades homologués
Celle du trio d’Afrique de l’Est est un peu plus crédible mais seuls le Kenya (à Nairobi) et la Tanzanie (à Dar es-Salaam) ont une enceinte aux normes, alors qu’il en faut six pour accueillir une CAN avec vingt-quatre sélections. Objectivement, les deux candidatures les plus solides sont à chercher du côté de l’Afrique du Nord, et plus précisément de l’Égypte et de l’Algérie.
Le pays de Mohamed Salah est particulièrement bien doté avec sept stades homologués. L’Égypte, qui a renoncé à la candidature tripartite proposée par l’Arabie Saoudite (avec la Grèce) pour déposer un dossier en vue d’accueillir la Coupe du Monde 2030, avait rendu un grand service à la CAF en remplaçant, en 2019, le Cameroun beaucoup trop en retard pour honorer ses obligations.
Choix tactique
Quant à l’Algérie, elle a organisé avec succès le dernier Championnat d’Afrique des nations (Chan) début 2023, et accueille actuellement la CAN des moins de 17 ans, grâce à une politique de construction et de rénovation de stades dans de nombreuses villes, dont Alger et sa périphérie, Annaba, Blida, Oran, Tizi-Ouzou et Constantine.
L’époque où la CAF attribuait la CAN aux amis est révolue
Mais il n’a échappé à personne que le pays a également fait acte de candidature pour organiser l’édition 2025, à l’instar du Maroc, de la Zambie et du duo Bénin-Nigeria. Si bien que l’information officiellement livrée par la CAF sur les intentions algériennes pour 2027 inspire cette réflexion à ce proche du dossier qui a requis l’anonymat : « Mon analyse, c’est que l’Algérie estime que la CAN 2025 à de fortes probabilités d’être attribuée au Maroc et qu’elle mise sur l’édition suivante. Face à l’Égypte, qui a organisé celle de 2019, au Botswana et ou trio Kenya-Tanzanie-Ouganda, ses chances sont bien plus grandes. »
« C’est plié »
Le journaliste sportif algérien Yazid Ouahib (El Watan) n’est pas loin de partager ce point de vue : « Déjà, il est tout de même surprenant que ce soit la CAF qui annonce que l’Algérie a l’intention d’être candidate. Pourquoi la fédération ne l’a-t-elle pas fait, ne serait-ce que pour informer l’opinion publique ? » Jeune Afrique a tenté de joindre Djahid Zefizef, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), mais il n’a pas répondu à nos sollicitations.
Cette candidature algérienne renforce évidemment le statut de favori du Maroc pour accueillir la compétition en 2025. « On peut effectivement supposer que le Maroc a de fortes chances d’être choisi. Sinon, l’Algérie n’aurait pas postulé dès maintenant pour 2027 », admet Yazid Ouahib. Une autre source algérienne, sous couvert d’anonymat, se montre beaucoup catégorique. « Je pense que c’est plié. Le Maroc est très influent à la CAF, en Afrique, il mène une grosse campagne de lobbying, alors que l’Algérie, qui change de président de fédération sans arrêt, pèse beaucoup moins. Je suis d’avis que le Maroc aura 2025 et l’Algérie 2027. »
Possibles protestations
Si ce scénario se confirmait, la CAN se jouerait deux fois de suite en Afrique du Nord, ce qui soulèverait probablement quelques protestations. Mais elle avait été attribuée initialement au Cameroun pour 2019, à la Côte d’Ivoire en 2021 et à la Guinée en 2023, jusqu’au report de l’édition camerounaise de deux ans et le retrait de la compétition aux Guinéens.
Du côté de la CAF, son secrétaire général, Véron Mosengo-Omba, rappelle que la compétition sera à l’avenir attribuée à « des pays capables d’assumer le cahier des charges pour une CAN avec 24 sélections. Nous ne confierons pas cette épreuve à un pays qui n’a qu’un ou deux stades et doit construire les autres. L’époque où la CAF attribuait la CAN aux amis est révolue. » Message transmis à la CAF présidée par Issa Hayatou, et qui avait attribué les éditions 2019, 2021 et 2023 au Cameroun, à la Côte d’Ivoire et à la Guinée, mais à une période où celle-ci ne concernait que seize équipes.
Paix sociale
En confiant à deux pays du Maghreb les éditions 2025 et 2027, l’instance ne gagnerait pas uniquement en tranquillité, avec la certitude que les nations hôtes disposent de toutes les infrastructures (stades, terrains d’entraînements, hôtels, communication, transport) adaptées. Elle s’achèterait une forme de paix sociale avec les Européens, qui supportent de moins en moins de voir partir leurs internationaux africains en pleine saison, comme ce sera encore le cas en Côte d’Ivoire en janvier et février 2024.
La pratique du football, dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, est très compliquée en juin et juillet, la CAF alors présidée par le Malgache Ahmad Ahmad avait fixé de nouvelles dates en 2017. Ce n’est pas le cas en Afrique du Nord, même s’il peut y faire très chaud. Et la CAF sait qu’elle enverrait un signal positif à l’Europe, et s’épargnerait des conflits pendant au moins quatre ans.
Au siège cairote de l’instance, cela n’a échappé à personne alors que les pays organisateurs des éditions 2025 et 2027 seront connus – en théorie – en septembre prochain.
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