Pour Charles III, un couronnement sur fond de souvenirs colonialistes et esclavagistes
Couronné ce samedi 6 mai, le roi britannique, Charles III, se voit rappeler le rôle plus que problématique de la royauté dans le passé impérialiste et esclavagiste du pays.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 6 mai 2023 Lecture : 2 minutes.
À l’âge de 74 ans, le nouveau monarque du Royaume-Uni ne devrait pas bouder un plaisir qu’il lui aura fallu attendre longtemps. Son couronnement ne sera pourtant pas exempt de critiques. Sa popularité n’atteint pas celle de sa mère Elisabeth II, décédée en septembre dernier, et Charles III fait face à des rappels du passé colonial et esclavagiste de la couronne. Des pans de l’histoire sur lesquels on lui reproche de ne pas avoir assez reconnu les responsabilités de la famille régnante.
Les anciennes colonies de l’empire britannique – celui sur lequel « le soleil ne se couchait jamais » – n’oublient pas l’implication directe des monarques britanniques dans la traite des esclaves, pendant 270 ans, la spoliation de terres et autres richesses, la pendaison d’Indiens en public, en 1857, le massacre de Jallianwalla Bagh, en 1919, l’existence de camps de concentration et de torture, au Kenya dans les années 1950, ou encore, la répression des rébellions indépendantistes de Chypre, du Yémen ou de Malaisie.
Mémoires…
Or, si Charles III a reconnu, « profondément chagriné », le rôle du Royaume-Uni dans la vente « atroce » des esclaves, beaucoup lui reprochent de ne pas avoir admis le rôle spécifique de la couronne dans les crimes coloniaux et un commerce triangulaire source d’enrichissement personnel. Crainte d’un dialogue autour de réparations ou de justice restaurative ? Certains affirment que le nouveau monarque ne serait pas un grand défenseur des minorités ethniques, comme en témoignerait l’accueil plutôt glacial de la bru métisse Meghan Markle à Buckingham…
Certes, les identités du Premier ministre britannique et du maire de Londres laissent penser que le Royaume-Uni a fait beaucoup de progrès en matière de diversité. La famille du premier, Rishi Sunak, fait partie de la diaspora indienne d’Ouganda, du Kenya et de Tanzanie. Les grands-parents du second, Sadiq Khan, venaient d’Inde et du Pakistan.
… Symboles et diamants
Mais les pays du Commonwealth ont gardé en mémoire le scandale Windrush, qui ne date que du début des années 2000 : des milliers d’immigrés légaux s’étaient vu dénier le droit de rester indéfiniment sur le territoire, droit jusqu’alors concédé.
Et le roi devrait émettre des signes personnels forts, pas seulement des gestes symboliques comme la présence, au service du couronnement, d’évêques femmes d’origine nigériane et caribéenne. Si la reine consort Camilla ne portera pas, samedi, le diamant Koh-i Nor dont les origines indiennes sont sujettes à caution, des Sud-Africains profitent du buzz actuel pour réclamer la restitution de Cullinan I, le plus gros diamant du monde – 621 grammes à l’état brut –, pièce maîtresse d’un sceptre que le roi tiendra bien, lors de son couronnement. Une pétition a été déjà enregistré 80 000 signataires. « Des gens sont morts, du sang a été versé pour que ces diamants trouvent le chemin de la Grande-Bretagne », déclarait, ce jeudi 4 mai, le député Vuyolwethu Zungula.
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