Le gouvernement de l’union de l’Afrique, encore un long chemin à parcourir (ANALYSE)

Publié le 4 février 2009 Lecture : 3 minutes.

Les dirigeants africains, réunis du 1er au 3 février à Addis Abeba dans le cadre du 12 sommet de l’Union africaine (UA), ont échoué une nouvelle fois dans leur tentative de trouver un accord sur la mise en place d’un gouvernement de l’union, première étape vers l’ambition ultime de la création des Etats-Unis d’Afrique. La cérémonie de clôture du sommet, prévue mardi, a eu lieu mercredi au terme des débats intensifs à huis clos. Une journée de session spéciale a été consacrée sur le gouvernement de l’union au début du sommet, sans avoir abouti à un consensus. Résultat d’un compromis, les dirigeants sont enfin d’accord pour transformer l’actuelle Commission de l’UA en une nouvelle autorité « ayant un mandat plus fort » dans six mois, instance exécutive chargée de préparer un gouvernement continental qui réunirait les 53 pays du continent. Cette nouvelle autorité se dotera des pouvoirs élargies sur des questions telles que la pauvreté, les maladies infectieuses, l’éducation, la gouvernance et le droit. Il s’agit d’ »une institution avec un mandat plus fort, de plus fortes capacités, qui nous dirige vers l’objectif du gouvernement de l’union », a déclaré le président sortant de l’UA, le présdient tanzanien Jakaya Kikwete. L’idée d’un gouvernement de l’union panafricaine n’est pas nouvelle. Lors de la proclamation en 1963 de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) , le président ghanéen de l’époque, Nkawe Nkrumah, avait souligné l’importance du gouvernement africain. Pourtant, un demi-siècle passé, le gouvernement n’a toujours pas pu voir le jour et demeure encore une pomme de discorde qui divise le continent. D’un côté, « les maximalistes », qui prônent la création accélérée de l’union, avec à la tête le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, auquel accordent un soutien solide le Sénégal et des Etats membres de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CENSAD). De l’autre côté, les « gradualistes », représentés par l’Afrique du Sud et les Etats membres de la Communauté des Etats d’Afrique australe (SADC), plaident pour une consolidation des organisations sous-régionales ou une intégration par étape. En tant que artisan de l’union, Mouammar Kadhafi a souligné, après son élection à la présidence de l’UA pour les douze mois à venir, la nécessité de pousser l’Afrique en avant vers les Etats- Unis d’Afrique, qui constituent, selon lui, la seule voie de répondre aux défis que présentent la mondialisation, la pauvreté et les conflits sur le continent. « Je continuerai et insisterai pour que les Etats souverains parviennent aux Etats-Unis d’Afrique », a-t-il martelé. Le forcing de Kadhafi, qui se fait appeler « roi des rois traditionnels d’Afrique », a agacé un bon nombre de pays africains. Les dirigeants des pays de l’Afrique orientale et australe ont fait part de leur opposition à une union immédiate, soulignant que les pays africains doivent en priorité améliorer leurs propres systèmes socio-politiques, renforcer la coopération régionale et résoudre leurs problèmes de paix et de développement. Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a énuméré la feuille de route, la nature du gouvernement, la souveraineté et la mobilisation des communautés économiques régionales comme étant les obstacles majeurs au gouvernement d’union panafricain. Selon Delphine Lecoutre, une experte spécialisée en affaires africaines, le gouvernement de l’union est « au point mort » pour le moment. « Il y a un manque manifeste de volonté de la part d’un bon nombre de pays membres, ils sont vraiement intimidés par l’éventualité d’être emmenés sous un gouvernement de l’union. Ils voudraient sauvegarder leur souveraineté par tous les moyens » pour que leur influence ne soit pas diminuée, a-t-elle noté. Les obstacles à l’établissement d’un gouvernement de l’union sont plutôt de nature politique, a fait savoir l’experte. Une autre raison majeure tient aux différences colossales et à la diversité politique, économique, culturelle et religieuse sur le continent. « Nous avons tant de difficultés et différences en Afrique, une intégration immédiate n’est pas faisable », a dit Abu Zeid, ambassadeur de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, groupement associant sept pays est-africains) auprès de l’UA. D’après lui, la plus grande difficulté de l’intégration réside dans les problèmes de sécurité sur le continent, d’où vient la première nécessité de s’attaquer à ce fléau pour le retour de la paix en Afrique. Selon des analystes, le gouvernement de l’union, mis en suspens pour le moment, ne pourrait démarrer avant que les pays africains ne répondent à leurs propres défis en matière politique, socio- économique et de sécurité, et cela pourrait prendre biens des années. Fin

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