UA: la divergence sur un gouvernement de l’union reste

Publié le 4 février 2009 Lecture : 5 minutes.

Le 12e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, a pris fin hier, au lieu de mardi comme prévu, alors que la divergence reste en ce qui concerne la création d’un gouvernement de l’union de l’Afrique.

Le leader libyen Mouammar Kadhafi, partisan fervent du gouvernement de l’union, a été élu à la présidence de l’Union africaine (UA) pour les douze prochains mois, en succédant au tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete.

la suite après cette publicité

Pendant les travaux, les dirigeants et représentants d’une cinquantaine de pays membres ont notamment examiné le développement des infrastructures, thème du sommet, la crise financière et la sécurité du continent.

UN GOUVERNEMENT DE L’UNION, ENCORE UN LONG CHEMIN A PARCOURIR

Le sommet a débuté par une session spéciale d’une journée sur le gouvernement de l’union de l’Afrique, qui a abouti à un compromis, soit la création d’une nouvelle autorité de l’UA, instance exécutive chargée de préparer un gouvernement d’unité qui réunit les 53 pays du continent.

Cette nouvelle autorité, qui remplace la Commission de l’UA, doit entrer en fonction en milieu d’année.

la suite après cette publicité

L’idée sur la mise en place d’un gouvernement d’union, une étape à l’objectif ultime des Etats Unis de l’Afrique, a été officiellement inscritte dans la Déclaration d’Accra au terme du 9e Sommet de l’UA en juillet 2007.

Début 2008, le 10e Sommet de l’UA a décidé de créer une commission regroupant douze chefs d’Etats, chargée de formuler des recommandations sur la matérialisation du concept des Etats unis d’Afrique à travers un gouvernement uni du continent.

la suite après cette publicité

Pourtant, cette ambition, dont Mouammar Kadhafi est l’un des principaux artisans, ne fait pas l’unanimité au sein du continent.

Des sujets contentieux surgissent autour d’une série de questions, dont la feuille de route, de la nature du gouvernement, de la souveraineté et de la mobilisation des communautés économiques régionales.

Ce dossier divise l’Afrique en deux parties : les " maximalistes", qui prônent la création du gouvernement d’union africaine avec comme représentants les Etats membres de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CENSAD), et les " gradualistes", qui plaide pour une formation progressive de l’intégration ou un maintien du statu quo, avec en tête l’Ouganda et l’Ethiopie et les pays de la Communauté des Etats d’Afrique australe (SADC).

LES INFRASTRUCTURES SOUS LE CHOC DE LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE

Deux jours de travaux ont été consacrés aux infrastructures et à la crise économique mondiale.

Elham M. A. Ibrahim, le Commissaire de l’Union africaine pour les infrastructures et l’énergie, a déploré que le niveau actuel du développement des infrastructures en Afrique était loin de permettre au continent d’atteindre ses objectifs du millénaire en matière de développement socio-économique et de réduction de la pauvreté.

"L’Afrique doit rapidement intégrer ses infrastructures pour accélérer le développement économique et social", a-t-il estimé. Le choix du thème de ce sommet, le développement des infrastructures en Afrique, "n’est pas anodin", car il "donne le signal attendu de l’accélération du processus d’intégration physique du continent à travers des projets concrets à vocation régionale, interrégionale et continentale", a souligné le président de la Comission de l’UA, Jean Ping.

Il a mis l’accent sur la nécessité de mettre sur les rails une stratégie pour la modernisation et le développement des infrastructures axée sur les trois orientations, à savoir les grands travaux d’infrastructures de transport, l’Afrique- Hydroélectricité 2020, et l’Architecture institutionnelle de développement des infrastructures.

Pourtant, sur fond de crise économique mondiale, de nombreux dirigeants africains n’ont pas caché leur inquiétude vis-à-vis d’une baisse de l’aide internationale, source majeure du financement des infrastructures.

"Nos Etats sont maintenant en butte aux difficultés résultant des crises, ils s’apprêtent à subir de plein fouet les conséquences inévitables de la récession économique mondiale qui s’installe", a indiqué M. Ping.

"Les défis auxquels l’Afrique est confrontée sont réels, nombreux et complexes", a-t-il fait savoir.

Face aux défis, M. Ping a appelé les pays africains à se constituer en un front commun pour apporter des réponses fortes, de manière à forger un poids politique réel.

"L’Afrique peut avoir les moyens de ses ambitions dès lorsqu’elle est unie et en a la volonté", a-t-il dit.

Sur le plan de la gestion de la crise économique, M. Ping a souligné la nécessité d’une plus forte implication de l’Afrique dans l’élaboration des règles de gouvernance économique mondiale.

En novembre dernier, la commission a co-organisé à Tunis la réunion des ministres africains des Finances et des gouverneurs des banques centrales, pour édifier les bases de la réponse commune du continent à la crise financière mondiale, et faire entendre la voix de l’Afrique aux réunions du G20 sur la réforme du système financier du monde.

La commission poursuivra ses efforts pour faire progresser le processus de création des trois institutions financières que sont la Banque africaine d’investissement, le Fonds monétaire africain et la Banque centrale africaine, a affirmé M. Ping.

LA PAIX ET LA SECURITE EN MARCHE

Outre les infrastructures en Afrique, ce sommet a accordé une large place aux questions d’actualité comme les crises régionales.

Autant de préoccupations vis-à-vis de l’insécurité sur le continent étaient à la table du sommet : la crise politique en cours au Madagascar dégénérée en violences, la dernière attaque contre l’Amisom en Somalie, les deux coups d’Etats en Guinée et en Mauritanie survenus en l’espace de six derniers mois.

La persistance de conflits ouverts et la multiplication de foyers de tension latente, avec la montée de nouvelles menaces globales, minent toutes les initiatives visant à asseoir la stabilité sur le continent, a martelé M. Ping.

Toutefois, ces contrecoups ne peuvent éclipser des avancées significatives enregistrées en matière de sécurité sur le continent.

M. Ping a salué à plusieurs reprises dans ses allocutions les évolutions positives sur le sol africain. En République démocratique du Congo (RDC), l’arrestation du général Laurent Nkunda et la reprise du dialogue direct entre la RDC et le Rwanda font espérer des perspectives très prometteuses quant au retour d’une paix durable dans la sous-région.

En Somalie, qui vient d’avoir un nouveau président, le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé son intention d’établir une opération onusienne de maintien de la paix destinée à prendre la relève de la Mission de l’Union Africaine en Somalie (Amisom).

Au Darfour, des progrès importants ont été réalisés sur le plan du déploiement de l’Opération hybride UA-ONU au Darfour ( MINUAD) qui compte atteindre les 80% de ses effectifs en mars prochain.

Les efforts de paix et de reconstruction post-conflit se poursuivent au Burundi, aux Comores, au Liberia, en Sierra Leone, en République centrafricaine et au Sud-Soudan, tandis qu’en Côte d’Ivoire,tout semble s’acheminer vers une sortie de crise.

Le bon déroulement des élections en Guinée-Bissau, en Zambie, en Afrique du Sud et au Ghana a prêché un exemple pour tout le continent. Au Zimbabwe, un grand pas a été accompli vers la sortie de crise avec la décision des parties prenantes de former un gouvernement d’union à la mi-février.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires