En Tunisie, Rached Ghannouchi condamné à un an de prison
Arrêté en avril, le chef du parti islamiste Ennahdha est accusé d’avoir tenu des propos considérés comme un appel aux Tunisiens à s’entretuer. Il reste visé par plusieurs enquêtes.
Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamo-conservateur tunisien Ennahdha arrêté en avril, a été condamné le 15 mai à un an de prison pour « apologie du terrorisme » dans une affaire pour laquelle il avait été entendu en février par le pôle judiciaire antiterroriste. Sa convocation faisait suite à une plainte déposée par un syndicat de policiers qui l’accuse d’inciter les Tunisiens à s’entretuer, en raison de propos tenus début 2022 lors des obsèques d’un leader d’Ennahdha. Il avait alors affirmé que le défunt « ne craignait pas les dirigeants ou les tyrans ».
Le principal opposant au président Kaïs Saïed a été arrêté le 17 avril et placé sous mandat de dépôt à la suite de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme Ennahdha, y étaient éliminés. Âgé de 81 ans, il avait également été entendu en novembre 2022 par un juge du pôle judiciaire antiterroriste pour une affaire en lien avec l’envoi présumé de jihadistes en Syrie et en Irak.
« Offensive contre les opposants »
Les États-Unis et l’Europe avaient critiqué son arrestation en avril mais le président Saïed avait rejeté ces critiques, les qualifiant d’ « ingérence flagrante » dans les affaires tunisiennes. Au lendemain de son arrestation, les autorités tunisiennes avaient fermé les bureaux de son mouvement dans tout le pays.
Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, des hommes d’affaires et le patron de la radio la plus écoutée du pays, Mosaïque FM. Le président Saïed, accusé par l’opposition de dérive autoritaire, a qualifié les personnes arrêtées de « terroristes », affirmant qu’elles étaient impliquées dans un « complot contre la sûreté de l’État ».
Dans un rapport publié le 11 mai, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a affirmé que « les autorités tunisiennes ont intensifié leur offensive contre les opposants au coup de force réalisé en 2021 par le président Kaïs Saïed, en redoublant d’efforts pour neutraliser Ennahdha, le plus grand parti politique du pays ». « Après avoir diabolisé Ennahdha et lancé de graves accusations sans preuves, les autorités du président Saïed ont tout bonnement entrepris de démanteler le parti », selon Salsabil Chellali, directrice du bureau de HRW en Tunisie. « Les autorités devraient immédiatement libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, et mettre fin aux restrictions aux libertés d’association et de réunion », a ajouté l’ONG dans son rapport.
(avec AFP)
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