En RDC, Vital Kamerhe s’inquiète d’une potentielle « guerre du maïs »
Le gouvernement congolais a décidé de favoriser les conditions d’une augmentation des importations de maïs, avec, en arrière-plan, un discours souverainiste et la crainte des conséquences des tensions dans la région.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 16 mai 2023 Lecture : 2 minutes.
En RD Congo (RDC), tout est politique. Lundi 15 mai, le miraculé Vital Kamerhe s’exprimait face à la presse, officiellement pour la première fois depuis sa disgrâce politique, sa condamnation pour détournement de fonds, puis son acquittement et, enfin, sa nomination au poste de vice-Premier ministre chargé de l’Économie, lui qui fut directeur de cabinet de Félix Tshisekedi. Un retour médiatique en fanfare pour le politicien, à quelques mois des élections générales.
De même, si le sujet du jour ne semblait pas nécessairement politique, le membre du gouvernement et son collègue porte-parole se sont chargés de le politiser. Il était question de la pénurie de maïs, qui inquiète notamment le sud-est et le centre du pays, et de mesures curatives, qui consistent à négocier avec les producteurs d’autres nations, tout en accordant une remise des droits, taxes et redevances sur l’importation de la céréale la plus cultivée au monde, ainsi que des avantages parafiscaux sur l’importation des intrants et engins agricoles.
Maïs et géopolitique
À ceux qui – politique oblige – hurlent à la perte de souveraineté alimentaire, le vice-Premier ministre a indiqué que « ce n’est pas la honte (…) d’aller importer pour sauver la population du Grand-Kasaï et du Grand-Katanga, c’est de la responsabilité ». Et de préciser que les décisions fiscales sont temporaires – d’une durée de six mois – pour ne pas compromettre la relance de la production nationale de maïs, le pays disposant de millions d’hectares de terres arables reconnues comme très fertiles. Des nouvelles politiques agricoles sont même promises.
Une autre dimension géopolitique du dossier est apparue ces dernières semaines. Évoquant la tournée de plusieurs ministres congolais, en Zambie et en Afrique du Sud, à la recherche d’environ 750 millions de tonnes de farine de maïs sur un an, Vital Kamerhe a évoqué les achats de l’Éthiopie, du Sud–Soudan, de l’Ouganda, du Kenya, du Rwanda, de la Tanzanie et du Malawi, qui auraient coupé l’herbe sous le pied de la RDC. Et d’ajouter, de façon aussi lapidaire qu’ambiguë : « C’est là qu’on va découvrir que la guerre était à nos portes »…
Ces propos sont à mettre en perspective avec ceux du porte-parole, plus explicites, lors du précédent point de presse gouvernemental. Pour Patrick Muyaya, « la crise de la farine de maïs a été occasionnée par quelques individus visiblement malintentionnés qui, avec quelques connexions en Zambie, ont obtenu que la Zambie décide de ne plus vendre le maïs à la RDC ». Et d’ajouter : « Et pire encore, l’interdiction de toute cargaison venant d’autres pays d’Afrique australe d’arriver en RDC »…
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