Au Mali, l’influenceuse « Rose la vie chère » maintenue en prison
Incarcérée depuis deux mois pour « incitation à la révolte », Rokia Doumbia devait être libérée sous caution début mai.
Ses quelque 160 000 abonnés sur TikTok devront encore attendre pour la voir réapparaître sur leurs écrans. Arrêtée le 13 mars après avoir dénoncé la cherté de la vie au Mali sur les réseaux sociaux, Rokia Doumbia, bien qu’ayant obtenu sa liberté provisoire, est toujours incarcérée.
Libérée sous caution
Placée sous mandat de dépôt pour « incitation à la révolte » et « trouble à l’ordre public par l’usage des technologies de l’information et de la communication » après avoir critiqué le gouvernement de transition malien dans l’une de ses vidéos, elle devait être libérée sous caution le 3 mai, en attendant son procès prévu le 14 juin.
Connue des internautes maliens, Rokia Doumbia se fait depuis des années le relai de leurs préoccupations quant à la cherté des prix en publiant des vidéos quasi-quotidiennement. L’une d’elle aurait particulièrement attiré l’attention des autorités. « Cette transition est un échec avec un bilan de 0 %. Aucun Malien ne vit en paix. Pendant mes directs, les gens réagissent en dénonçant la flambée des prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre », avait-elle lancé sur TikTok.
Nouveau mandat de dépôt
Sa caution, fixée à 1 million de FCFA par le tribunal de la commune IV de Bamako qui a entendu l’influenceuse le 29 mars, avait été payée le jour même par ses parents qui n’ont pas pris le temps de consulter leurs avocats. « Je leur ai dit qu’ils avaient perdu leur argent », déplore Me Tapo, chargé de la défense de Rokia Doumbia. Avant qu’elle ne franchisse les grilles de la prison, le procureur a en effet saisi le juge d’instruction pour que soit délivré un autre mandat de dépôt, la maintenant incarcérée.
Ses avocats doivent maintenant attendre un nouvel « interrogatoire de fond » avant de faire une nouvelle demande de mise en liberté. « En espérant qu’elle sera entendue avant le 14 juin », reprend Me Tapo. En attendant, celle qui est aussi connue sous les surnoms de « Tata Rose » ou « Rose poivron » est détenue à la maison d’arrêt des femmes et enfants de Bollé, à Bamako.
Ses avocats affirment n’avoir toujours pas eu accès au dossier qui est entre les mains du procureur de la commune IV de Bamako, Idrissa Touré. Également en charge de l’affaire Ras Bath, Idrissa Touré a déjà été critiqué pour avoir multiplié les mandats de dépôt. L’activiste, arrêté lui aussi le 13 mars pour « offense au chef de l’État », a vu sa demande en liberté rejetée. Ses avocats ont dénoncé un « acharnement judiciaire ».
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