Appel à une réunion pour examiner le problème de la corruption
Les Kenyans ont appelé le président Mwai Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga à convoquer une réunion urgente pour discuter des scandales de corruption endémique qui représentent un gros défi pour le gouvernement de coalition.
Ils ont indiqué que la réunion proposée, à laquelles participeront toutes les agences gouvernementales en charge de la lutte contre la corruption, devrait fournir une direction dans la résolution de ses scandales.
Le Centre régional pour la sécurité, la stabilité et la paix en Afrique (Recesspa) a indiqué que les hommes politiques plongeront le pays dans l’anarchie s’ils continuent avec un pillage flagrant des ressources publiques.
Le conseiller politique de Recesspa, Fred Jonyo, a accusé des leaders du gouvernement de coalition d’être plus préoccupés d’amasser les fortunes que de résoudre les problèmes du pays.
"Les leaders utilisent la bureaucracie au sein du service publique pour mobiliser des ressources pour les prochaines élections et c’est pourquoi nous avons plusieurs scandales qui sont mis sur le tapis," a-t-il déclaré aux journalistes à Nairobi.
La Commission de pilotage de l’organe gouvernemental de lutte contre la corruption a été déçue par le fait que malgré ses efforts pour éduquer le public afin d’éviter la corruption, le vice était toujours inchangé.
Rose Arungu-Olende qui dirige l’organe, a indiqué être choquée par le fait que des principaux décideurs du pays soient impliqués dans des scandales de corruption.
Les récents développements surviennent suite à des craintes que les Kenyans ne commencent à perdre confiance au gouvernement de coalition, qui, seulement à sa première année, a déjà été secoué par des gros scandales de corruption allant jusqu’à des milliards de shillings.
Le gouvernement a lancé une enquête sur des accusations de corruption dans la distribution du maïs.
Les allégations, qui arrivent alors que le Kenya se prépare à déclarer un état d’urgence sur l’alimentation, ont ravivé les divisions au sein du fragile gouvernement de coalition.
Les officiels estiment qu’une cargaison de maïs importée d’une valeur de près de 2,5 millions de dollars américains a été détournée vers le Soudan voisin pour être revendue à un prix plus élevé.
Les accusations ont une importance particulière à la suite de l’annonce par le gouvernement vendredi dernier que le pays faisait face à un besoin urgent d’aliments, avec près de 10 millions de personnes, dont plus du quart de la population, qui sont menacées par la famine.
D’autres scandales de corruption signalés dans la compagnie nationale de pétrole et dans l’office de tourisme du pays ont suscité des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement de coalition à combattre la corruption.
Certains pensent même que la coalition formée en avril de l’année dernière à l’issue des élections contestées, pourrait encourager la corruption. "Nous avons espéré que l’accord d’un gouvernement de coalition rendrait la corruption plus difficile.
Il apparait qu’elle est devenue plus facile, en ceci qu’elle est devenue compartimentée," a estimé Job Ogonda, chef de la branche nationale de l’organe de lutte de la corruption Transparency International.
"Même lorsque des scandales de corruption d’une ampleur qui devrait être condamnée surviennent, vous trouvez que les auteurs de ces actes sont protégés au sein de leur propre faction du gouvernement de Grande coalition", a-t-il dit.
A la suite des accusations de détournement de 7,6 milliards de shillings (environ 96,2 millions de dollars américains) à la Compagnie d’essence du Kenya (KPC), la Cour Suprême a ordonné la détention de Yagnesh Devani, âgé de 43 ans, qui dirigeait la branche locale de la firme de vente de pétrole Triton Petroleum Ltd.
Ogonda a appelé à une enquête rapide sur les accusations de corruption et à une transparence accrue dans les affaires gouvernementales. "Ce qui est arrivé est assez évident. Les transactions ont été opaques à l’égard de l’opinion. Si vous permettez aux gens d’avoir un droit de regard sur la gestion des affaires publiques, alors la corrupotion ne peut pas se produire", a-t-il estimé.
S’adressant aux journalistes à Nairobi, le conseiller politique de Recesspa, Jonyo, a indiqué que depuis que le gouvernement de coalition a été un "patchwork d’équipes avec une mentalité de celui-qui-gagne-prend-tout", il n’y a plus moyen que l’agenda du peuple soit accompli.
"Les choses, même que le governement de coalition a promis d’éradiquer, se sont multipliées au cours de la seule année écoulée," a-t-il estimé.
Olende, de l’organe gouvernemental de lutte contre la corruption, a indiqué que le gouvernement doit recupérer tous les biens et argent perdus dans les scandales afin d’éviter de plonger le pays dans une crise financière plus profonde.
"Nous invitons ceux qui sont impliqués dans les actes déplorables de se mettre de côté pour faciliter des enquêtes approfondies," a déclaré Olende.
"Il est particulièrement démoralisant que les contribuables kenyans, qui font déjà face à la famine, se retrouvent probablement avec une lourde dette d’environ 7,6 milliards de shillings. Il est seulement logique que le ministère concerné suive ce scandale jusqu’à sa fin", a indiqué Olende.
Les allégations de corruption ont accru les divisions au sein du fragile gouvernement de coalition.
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