Au Soudan, entre Burhane et Hemetti, une fausse trêve et des promesses rompues

Les habitants de Khartoum continuent de vivre entre deux feux et aucun couloir humanitaire ne s’installe. Sur le terrain, les généraux rivaux ne lâchent rien et les médiateurs font chou blanc.

Des hommes armés à Khartoum le 22 mai 2023. © AFP

Publié le 23 mai 2023 Lecture : 3 minutes.

De nouveaux combats, de nouveaux raids : sur le terrain, à Khartoum, aucun signe d’apaisement n’est visible malgré l’entrée en vigueur officielle de la trêve d’une semaine entre l’armée et les paramilitaires censée laisser passer civils et aide humanitaire au Soudan.

« Au-delà des annonces officielles, le Soudan est toujours bombardé et des millions de civils sont en danger », s’est alarmé Karl Schembri, du Norwegian Refugee council (NRC), dénonçant sur Twitter « plus d’un mois de promesses rompues » alors que près d’une dizaine de trêves ont déjà échoué dès leurs premières minutes au Soudan.

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Privés de tout

Le 22 mai, les cinq millions d’habitants de la capitale soudanaise ont passé la journée au milieu des combats, sous une chaleur écrasante, pour la plupart privés d’eau, d’électricité et de télécommunications. L’ONU avait noté en fin d’après-midi « des combats et des mouvements de troupes alors que les deux camps se sont engagés à ne pas chercher à prendre l’avantage militaire avant l’entrée en vigueur de la trêve ».

Les médiateurs américains et saoudiens avaient annoncé avoir obtenu, après deux semaines de négociations, une trêve d’une semaine pour relancer services et hôpitaux et réapprovisionner stocks humanitaires et marchés pillés ou bombardés.

Médecins menacés

Tôt mardi, le syndicat des médecins a annoncé la fermeture d’un nouvel hôpital dans la grande banlieue de Khartoum. Son personnel a été forcé d’arrêter de travailler, pris entre deux feux. D’un côté, « plusieurs fois, des combattants des FSR ont agressé des patients et du personnel soignant en tirant dans les couloirs de l’hôpital », rapporte le syndicat. De l’autre, des haut-gradés de l’armée régulière mène « une campagne de mensonges et de rumeurs » contre les médecins qui ont reçu « des menaces contre leur personne ». Les médecins ne cessent d’alerter sur le sort dramatique des hôpitaux : à Khartoum, comme au Darfour, ils sont quasiment tous hors d’usage. Ceux qui n’ont pas été bombardés n’ont plus de stocks ou sont occupés par des belligérants.

Les humanitaires réclament des couloirs sécurisés et, cette fois, il y aura « un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu », assurent Ryad et Washington. Jusqu’ici, aucun des médiateurs n’a fait de commentaire depuis l’entrée en vigueur de la trêve. Un mécanisme de sanction est la clé pour les experts face à deux généraux persuadés de pouvoir l’emporter militairement et donc plus prêts à une guerre longue qu’à des concessions à la table des négociations.

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Contrôle des airs

Les deux camps ont annoncé vouloir respecter ce cessez-le-feu mais à Khartoum, les habitants ont dit ne voir aucun préparatif. « On ne voit aucun signe que les FSR, qui occupent toujours les rues, se préparent à les quitter », racontait l’un d’eux. Si l’armée contrôle les airs, elle a peu d’hommes dans le centre de la capitale, tandis que les FSR, elles, occupent le terrain à Khartoum. De nombreux habitants les accusent d’avoir pillé leurs maisons ou d’y avoir installé des QG.

Alors que 25 millions des 45 millions de Soudanais ont besoin d’aide humanitaire, selon l’ONU, les vivres se font de plus en plus rares, les banques sont fermées et la plupart des usines agro-alimentaires ont été détruites ou pillées. Si le conflit se poursuit, selon l’ONU, un million de Soudanais supplémentaires pourraient fuir vers les pays voisins qui redoutent une contagion de la violence.

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(avec AFP)

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