Une seconde jeunesse du Ballet national du Cameroun grâce à la coopération chinoise

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 5 minutes.

Professeur de danse et responsable d’une compagnie en Chine, Mme Na Ersi et sa compatriote Jiang Keyu, chorégraphe professionnelle, achèvent  un séjour de trois ans au Cameroun, consacré à la formation d’une nouvelle cuvée d’artistes du Ballet national de ce pays d’Afrique centrale.

"Ce séjour est inoubliable pour moi. J’ai vécu une expérience exceptionnelle, qui a affecte toute ma vie. Aux côtés de mes élèves, j’ai effectué au cours de ces trois années un travail acharné. Je suis fière d’eux, ils ont pris cette formation au sérieux et sont devenus professionnels", a déclaré Mme Na Ersi à Xinhua.

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Au cours d’une cérémonie d’au revoir en l’honneur des deux formatrices chinoises hier soir à Yaoundé, en présence de l’ambassadeur de Chine au Cameroun, Huang Changqing, la ministre camerounaise de la Culture, Ama Tutu Muna, a salué l’oeuvre accomplie et qui a précisément aidé à la restructuration et à la revitalisation de ta troupe gouvernementale.

Selon elle, c’est une parfaite illustration de la coopération fructueuse entre le Cameroun et la Chine.

Pour sa part, l’ambassadeur de Chine a situé cette collaboration dans le cadre d’une politique globale de soutien du gouvernement chinois en faveur du développement des pays africains. "Nous constatons heureusement que cette perle d’arts et de beauté qu’est le Ballet National a commencé à s’épanouir partout au Cameroun et dans le monde.

A Yaoundé, à Douala, à Maroua, ils ont montré au peuple camerounais ce que c’est la danse moderne, et comment elle se complète avec l’art traditionnel camerounais; En France, au Japon, et deux fois en Chine, ils ont démontré par leurs oeuvres la beauté saisissante, la dignité indomptable et surtout l’espoir et la promesse du peuple camerounais et pourquoi pas du continent africain", a-t-il déclaré.

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"Ce projet de coopération a ouvert grandement une porte nouvelle pour la coopération et les échanges culturels entre nos deux pays et nos deux peuples", a-t-il ajouté.

Une composante de l’Ensemble national, qui regroupe par ailleurs l’Orchestre national et le Théâtre national, le Ballet national a été créé en 1977.

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Avec pour mission de servir de miroir pour la valorisation de l’identité culturelle camerounaise dans le domaine de la danse, il a connu un rayonnement au-delà des frontières nationales, en représentant le pays dans de nombreux festivals internationaux, sous l’égide du ministère de la Culture.

Mais, faute d’un statut de l’artiste, la précarité a caractérisé la vie des membres de l’Ensemble national, toutes disciplines confondues.

Cantonnés à la catégorie de stagiaire et payés comme pigistes, nombre d’entre eux ont eu du mal à joindre les deux bouts.

Plusieurs fois, des cas de décès ont été enregistrés dans les rangs. Après près de trente ans d’existence, le Ballet national est entré en 2006 dans une phase de renouvellement de ses effectifs, dans le cadre d’un processus de réforme entrepris par Ferdinand Léopold Oyono, alors ministre d’Etat, ministre de la Culture.

Avec le soutien de la coopération chinoise, une série de quatre tests de sélection a ainsi été organisée dès le mois de novembre de cette année-là, en vue de la mise sur pied d’une compagnie de danse nationale "new look". "Les conditions de travail ne sont pas très encourageantes pour les jeunes artistes.

La danse professionnelle a besoin de formateurs. Je me réjouis de ce que mes élèves se sont montrés engagés et patients. Ils assument avec fierté leur choix", souligne Mme Na Ersi.

En trois ans, les deux formatrices ont pu former une nouvelle troupe chorégraphe, à cheval entre les expressions contemporaines et patrimoniales, de dix-neuf jeunes talents, dont deux actuellement en stage de perfectionnement d’un an en Chine.

Sept filles figurent dans les rangs. Selon Mme Na Ersi, le programme des enseignements s’est intéressé à vingt-cinq danses. "J’ai travaillé avec les deux Chinoises pendant deux ans, en tant qu’interprète. Leurs enseignements ont porté sur les techniques de base de la danse, qui consistent à apprendre à utiliser son corps pour communiquer. Elles font la synthèse des connaissances actuelles de la danse, donc jusqu’à l’art occidental, pour proposer une vision du futur. J’ai beaucoup aimé leur travail", commente l’artiste plasticien Jean Kouam Tawadje, diplômé de l’Académie des Beaux arts de Chine et enseignant d’arts plastiques à l’Université de Yaoundé I.

La dernière sortie publique de Mme Na Ersi et de Jiang Keyu en compagnie du Ballet national a eu lieu lors du sixième Festival national camerounais des arts et de la Culture (FENAC), organisé par le ministère de la Culture du 19 au 23 décembre dernier à Maroua, dans la province de l’Extrême-Nord.

C’était deux mois après un spectacle de clôture de la formation au Centre culturel français François Villon de Yaoundé et quatre mois après une brillante participation de la troupe aux Jeux olympiques 2008 à Beijing.

Le Cameroun a été l’un des représentants de l’Afrique au volet culturel de cet important événement sportif mondial.

Dans le cadre de la Nuit africaine, qui rassemblait également des troupes de l’Afrique du Sud, de l’île Maurice, du Ghana, du Kenya et du Sénégal, le Ballet national, rappelle Mme Na Ersi, a séduit le public.

Ce qui lui a valu de porter les couleurs du continent à la Nuit mondiale, rassemblant de prestigieuses compagnies par exemple de la Russie, du Venezuela, du Japon, du Canada, se souvient Simon Romuald Abe, un des jeunes artistes formés. "Nous avons reçu une très bonne formation de nos formatrices.

Elles nous ont enseigné des choses formidables. Elles nous sont appris le montage des spectacles et la gestion des groupes, autrement dit l’ingénierie culturelle dans le domaine de la chorégraphie", affirme ce dernier, l’une des nouvelles recrues du "Ballet national new look". Avec son camarade Verlin Momo, Simon Romuald Abe pratiquait auparavant "la danse de rue", précisément le hip-hop.

"Après avoir suivi ces trois ans de formation, on sort avec des connaissances approfondies. Nous avons acquis quelque chose de particulier qui va permettre à notre culture d’affirmer une autre identité nourrie des influences étrangères", soutient Verlin Momo.

"Il est vrai que notre pays doit préserver son identité culturelle. Mais, nous devons aussi propulser notre culture à l’échelle internationale. Si des Chinoises viennent nous apprendre des concepts et des techniques de création, ce ne sont pas des concepts et techniques chinois, mais internationaux. La formation nous a permis d’avoir une vision différente de ce qui était hier et de ce qui sera demain", ajoute-t-il.

Professeur de danse depuis une vingtaine d’années, Mme Na Ersi, informe-t-elle, ira poursuivre, après son retour en Chine, la mise en oeuvre de deux programmes aux Etats-Unis.

"Dans mes prochaines chorégraphies, je vais utiliser les musiques africaines. La formation que j’ai dispensée m’a également beaucoup apporté en terme de découverte", assure-t-elle.

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