Au Bénin, Patrice Talon limoge Aurélien Agbénonci des Affaires étrangères
Le chef de la diplomatie béninoise faisait jusque-là figure de poids lourd au sein de l’exécutif. Membre du gouvernement de Patrice Talon depuis son arrivée au pouvoir, il est remplacé par Paulette Marcelline Adjovi.
C’est une annonce qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre sur la scène politique béninoise. Elle a d’abord fuité sur les réseaux sociaux, avant que la confirmation ne vienne d’Aurélien Agbénonci lui-même, qui a dit à Jeune Afrique en avoir été informé ce mardi 23 mai.
En poste depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon en 2016, il sera remplacé par Paulette Marcelline Adjovi, actuellement ambassadrice du Bénin auprès du Nigeria – un poste qu’elle occupait depuis janvier 2017.
Elle est la sœur de Mathieu Adjovi, ancien président de l’Association interprofessionnelle du Coton (AIC), réputé très proche du chef de l’État béninois. Élu député sous l’étiquette de l’Union progressiste (UP) lors des élections législatives de 2019, Mathieu Adjovi ne s’est pas représenté lors du scrutin de janvier dernier. Nommé depuis par Patrice Talon à la Cour constitutionnelle, il est considéré comme l’un des candidats les plus sérieux pour prendre la présidence de l’instance.
Fidèle de la première heure
Diplomate chevronné, Aurélien Agbénonci a fait une grande partie de sa carrière au sein du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) – notamment au Burundi, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Il quitte un gouvernement qu’il avait rejoint dès les premières heures de la présidence Talon. Il avait notamment géré la crise diplomatique avec le Nigeria, après que le géant voisin a décidé unilatéralement de fermer sa frontière avec le Bénin pendant plusieurs mois. Une séquence aux incidences économiques lourdes pour Cotonou.
Lors de la crise politique ouverte par les législatives de 2019, il avait également été en première ligne, sur le plan international, pour faire face aux critiques d’une partie de la communauté internationale. Parfois avec fermeté. C’est encore lui qui avait tenu les rênes lors de l’expulsion du chef de la délégation de l’Union européenne au Bénin, Olivier Nette, en novembre 2019 – les autorités béninoises l’accusaient de soutenir trop activement l’opposition.
Ces derniers mois, des tensions semblent être apparues entre le chef de l’État et son ministre des Affaires étrangères. Signe de cette défiance, début avril, Patrice Talon avait retiré à Aurélien Agbénonci le volet coopération et diplomatie économique, confié à Romuald Wadagni, le ministre de l’Économie et des Finances.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...