En Tunisie, le journaliste Noureddine Boutar libéré sous caution
Le patron de Mosaïque FM, principal média indépendant du pays, est la première des personnalités visées par une vague d’arrestation débutée en février à être libéré. Il reste toutefois poursuivi.
Le 24 mai, la justice tunisienne a décidé de remettre en liberté le patron de Mosaïque FM, la radio la plus écoutée de Tunisie, après environ quatre mois de détention pour blanchiment d’argent et « complot contre la sûreté de l’État », a appris l’AFP auprès de son avocate. La Cour d’appel du pôle financer de Tunis a accepté une demande de la défense de relâcher Noureddine Boutar, mais sous condition de paiement d’une caution d’un million de dinars (environ 300 000 euros), a indiqué Me Dalila Msaddek. Il lui est interdit de quitter le territoire tunisien, a-t-elle ajouté.
« Noureddine Boutar ne possède pas cette somme surtout que la justice a gelé tous ses biens. Nous sommes en train de collecter ce montant, donc ça sera difficile qu’il soit libéré aujourd’hui », a souligné Dalila Msaddek.
Ligne éditoriale
Le patron de Mosaïque FM avait été interpellé le 13 février au même moment que des opposants et d’autres personnalités de premier plan, soupçonnées de comploter contre l’État tunisien, et que le président Kaïs Saïed avait qualifiées de « terroristes ». La justice avait émis un mandat de dépôt à l’encontre de Boutar pour blanchiment d’argent présumé, une affaire pour laquelle il reste poursuivi, tout comme le dossier l’accusant de complot.
Il a toujours protesté de son innocence affirmant avoir été arrêté à cause de la ligne éditoriale de sa radio, au ton très libre. Son incarcération, et celle d’une vingtaine d’opposants et plusieurs hommes d’affaires, avaient déclenché une ample mobilisation de la société civile.
Plusieurs journalistes inquiétés
Cette vague d’arrestations sans précédent a été décrite par Amnesty International comme une « chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques ».
D’autres journalistes de Mosaïque FM font aussi l’objet de poursuites. Deux chroniqueurs vedettes de cette radio, Haythem El Mekki et Elyes Gharbi, ont été auditionnés en début de semaine par une brigade de la police criminelle pour avoir évoqué dans leur émission phare « Midi Show » des défaillances dans le recrutement au sein des services de sécurité. Plusieurs dizaines de journalistes avaient manifesté le 22 mai devant le siège de cette brigade pour exprimer leur solidarité à leur égard.
À la mi-mai, un reporter régional de Mosaïque FM, Khalifa Guesmi, a été condamné en appel à cinq ans de prison en vertu d’une loi antiterroriste pour avoir divulgué des informations sur une opération policière.
« Instrumentalisation politique »
Plusieurs manifestations ont été organisées ces dernières semaines à Tunis par le syndicat des journalistes SNJT pour protester contre une politique « répressive » visant à « intimider » et « soumettre » les médias. Ces mouvements ont dénoncé une « instrumentalisation politique » de la justice pour faire taire les voix critiques en Tunisie.
Le 23 mai, deux étudiants qui avaient été arrêtés pour une chanson satirique publiée sur les réseaux sociaux puis libérés après une déclaration en leur faveur du président Saïed, ont bénéficié d’un non-lieu d’un tribunal de Tunis.
(avec AFP)
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