Assises nationales au Sénégal : un retour au dialogue politique et social? (ANALYSE)
Le Sénégal compte 145 partis politiques. Malgré ce nombre important, le pays traverse une crise que certains observateurs interprètent comme un manque de dialogue politique et social. De l’absence de ce dialogue sont nées les Assises nationales, qui se déroulent depuis près de six mois. Il s’agit d’une concertation large entre les différents acteurs sociaux pour réfléchir sur les problèmes que traverse le Sénégal. Cette démarche répond à « la nécessité dans toute démocratie d’avoir un dialogue politique permanent », a expliqué jeudi à Xinhua la porte-parole des Assises nationales, Mme Aminata Diaw Cissé. Au lendemain de l’élection présidentielle de 2007 qui a accordé un deuxième mandat au président Abdoulaye Wade, le dialogue entre le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) et l’opposition, principalement l’opposition extra-parlementaire regroupée dans le Front Siggil Sénégal est de fait gelé à cause du refus par l’opposition de reconnaître la victoire électorale de Me Wade. « L’opposition avait remis en question la victoire de Wade à l’élection présidentielle, avant de boycotter par la suite les élections législatives et sénatoriales », rappelle le sociologue Djiby Diakhaté. A cela s’ajoute un front social en ébullition : les mouvements syndicalistes (éducation, santé, patronat, etc. ) ne parviennent pas à s’accorder avec le gouvernement sur leurs revendications. « Nous avons constaté qu’il n’y a plus de débat entre les acteurs de la vie politique et sociale », fait valoir Mme Cissé. Les Assises nationales, initiées à l’origine par l’opposition, ont été lancées officiellement en juin 2008. Elles se composent d’acteurs de la société civile, politique, de syndicalistes, de représentants du patronat, d’intellectuels et des membres d’organisations non gouvernementales. Pourtant les « Assises citoyennes » ont été « l’occasion pour les populations, toutes catégories sociales confondues (. . . ), d’exprimer leur points de vue sur leur situation, leur travail, leurs conditions de vie, a affirmé le président des Assises nationales, le Pr Amadou Mahtar Mbow. Pendant près de six mois, plusieurs équipes et huit commissions thématiques sillonnent les 35 départements du Sénégal pour mener des « consultations citoyennes ». Ce « travail préliminaire » est quasiment achevé. Jusqu’au mois de décembre, « au total 31 rapports nous sont parvenus auxquels il faut ajouter les deux rapports de New-York et de Paris », a déclaré le Pr Mbow. Ces « consultations citoyennes » ont sondé une part significative des couches sociales, parmi lesquels figurent les agriculteurs, les commerçants, les étudiants, les femmes de ménages, les dockers, etc. Reste à savoir l’attitude du gouvernement vis-à-vis des recommandations issues des Assises, auquel il ne se fait pas représenter. « S’il y a, dans les conclusions des Assises, des solutions pour régler les problèmes des Sénégalais et que ces solutions n’ont pas été envisagées par le président Abdoulaye Wade et qu’elles n’existent pas dans son programme, il n’est pas exclu qu’il les prenne en compte », confie le porte-parole du PDS, Babacar Gaye. Il est à noter que la majorité présidentielle, qui a refusé d’y participer, conteste la légitimité de cette organisation. « Les Assises nationales ne peuvent pas être un +cabinet+ pour le Sénégal », insiste M. Gaye. « Les conditions dans lesquelles ce dialogue politique a été organisé ne semble pas conforme avec les règles du jeu démocratique », précise le porte-parole du PDS. Plus d’un mois après le lancement des Assises nationales, le président Wade a déclaré qu’il pourait recevoir les conclusions des Assises nationales, ce qui a été interprété par des observateurs locaux comme signe de changement de sa position de refuser les Assises. Le porte-parole de la présidence Amadou Sall a démenti ces allégations, indiquant que ni le président Wade, ni le gouvernement ne participe aux Assises. Fin
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