La pirouette médiatique de Gims sur les pyramides électrifiées

Pour la première fois, le chanteur rappeur est revenu sur la polémique du supposé réseau électrique antique des pyramides d’Égypte.

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Publié le 30 mai 2023 Lecture : 2 minutes.

Gims n’est pas qu’une bête de scène à voix de stentor. C’est un bon client des plateaux télé. Ce samedi 27 mai, le chanteur était l’invité de l’émission Quelle époque ! sur la chaîne française publique France 2. Une occasion presque solennelle de revenir – qui plus est en présence de la ministre française de la Culture – sur ses affirmations récentes à propos de l’Égypte. C’est dans une interview pour l’émission Oui Hustle, diffusée sur YouTube le 22 mars, que l’artiste avait affirmé que les Égyptiens disposaient d’un système électrique dès l’Antiquité qui fonctionnait grâce aux pyramides et à leur prétendue calotte d’or – plutôt présentes sur les obélisques : « L’or est le meilleur conducteur pour l’électricité. […] C’était des antennes ! »

Un tollé scientifique et une association à des mouvements complotistes plus tard, le rappeur aux millions de followers se devait de sortir de la polémique, s’il voulait rester « grand public ». Ce samedi, au début et à la fin de sa séquence dans Quelle époque !, il a habilement habillé la controverse d’autodérision, soulignant, au début, qu’il portait une « chemise d’historien » et riant, à la fin, aux clashs du « sniper » maison, Paul de Saint-Sernin. Une façon efficace d’utiliser l’humour comme démineur d’une tension, ce qui n’est pas toujours le fort des artistes hip hop et ce que ne laisse pas présager un visage toujours masqué par de grosses lunettes de soleil.

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Déminer… et noyer le poisson

Il a ensuite dégainé deux techniques éprouvées par les politiciens, en évoquant, primo, le principe de la citation sortie de son contexte : « C’est une interview qui a duré presque deux heures. […] il y a eu une minute et trente-sept secondes sur l’Égypte exactement. » Secundo, enfourchant le cheval de bataille de l’ancienne ministre Rama Yade, il a fait vibrer la corde sensible que sont les performances historiques sous-estimées de l’Afrique, vérité que personne ne conteste, si ce n’est peut-être Henri Guaino, l’auteur de la tristement célèbre assertion « l’homme africain est entré dans l’histoire et dans le monde, mais pas assez. Pourquoi le nier ? »

Mais sur le fond ? Sur l’éventualité d’une électricité égyptienne antique, Gims a noyé le poisson dans un lac d’exubérance médiatique. À la question « vous l’affirmez ? », il a répondu « c’est une théorie », nuançant le ton affirmatif de la séquence de YouTube, sans pour autant invalider ladite théorie. Et le plateau largement hilare d’être traversé par des phrases expliquant, peu ou prou, qu’on ne demande pas aux artistes d’être des scientifiques et, que tout le monde a le droit à l’erreur. Pas de quoi fouetter Rê, le Dieu antique dont le chat était l’avatar. Et pas de quoi « estomaquer » une ministre de la Culture qui a la réputation de facilement l’être. Voilà la chemise d’historien de Gims lavée à peu de frais…

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