En Afrique du Sud, Sergueï Lavrov en guest star aux retrouvailles des Brics

Les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud sont réunis au Cap pour préparer le prochain sommet des chefs d’État et relancer les ambitions du groupe.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Maputo, le 31 mai 2023. © Russian Foreign Ministry/TASS/SIPA

Publié le 1 juin 2023 Lecture : 3 minutes.

On ne les a pas vus dans la même pièce depuis 2019. La pandémie du Covid-19 avait mis entre parenthèses les réunions des Brics en présentiel. Le virus ne faisant plus peur à personne, les retrouvailles sont organisées dans l’hôtel luxueux et reculé des 12 Apôtres, en périphérie du Cap, face à l’océan Atlantique. Ce sont les ministres des Affaires étrangères qui sont les premiers à se retrouver autour d’une table.

Tous ont répondu présent à l’invitation de l’Afrique du Sud, qui assure la présidence tournante. Tous, dont Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, de retour en Afrique du Sud après sa visite en janvier dernier. Il en a d’ailleurs profité pour effectuer une énième tournée africaine, en s’arrêtant au Kenya, au Burundi, puis au Mozambique – il a à chaque fois été reçu par les différents chefs d’État.

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Invitation sans réponse

La très grande mobilité de Sergueï Lavrov contraste avec l’isolement du président Vladimir Poutine, dont les déplacements en dehors de ses frontières sont devenus rares depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. L’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre par la Cour pénal internationale (CPI) pour des soupçons de crimes de guerre rend ses voyages plus périlleux.

Le président russe est pourtant invité à participer au sommet des chefs d’État des Brics qui se tiendra dans le quartier des affaires de Sandton, au nord de Johannesburg, du 22 au 24 août. Signataire du statut de Rome, l’Afrique du Sud aurait pour obligation de l’arrêter. Une éventualité inimaginable aux yeux du gouvernement sud-africain, qui tient à garder de bonnes relations avec la Russie. Le président Cyril Ramaphosa a mis en place un comité interministériel pour trouver une solution à ce casse-tête juridique : inviter Poutine sans bafouer ses engagements internationaux.

« L’Afrique du Sud est balayée par des vents contraires », résume Sanusha Naidu, chercheuse à l’Institute for Global Dialogue. Le pays est coincé entre sa volonté de respecter ses obligations internationales tout en réformant les mêmes institutions qui formulent ces obligations. La question de la venue de Poutine en août risque d’être comme “l’éléphant dans la pièce” lors de la réunion des ministres, relève Sanusha Naidu. Soit un sujet qui occupe toute la place mais que l’on préfère ne pas évoquer. « Nous espérons que tous les chefs d’État des Brics seront présents, c’est d’ailleurs l’indication que nous avons », a commenté avec optimisme Anil Sooklal, sherpa de l’Afrique du Sud pour les Brics sur TV BRICS.

Immunité

Journalistes et observateurs se sont emballés en début de semaine quand ils ont découvert au journal officiel que la réunion des ministres des Affaires étrangères et le sommet des chefs d’État des Brics étaient protégés par l’immunité diplomatique. D’aucuns y ont vu une manœuvre du gouvernement pour permettre à Vladimir Poutine d’atterrir en Afrique du Sud sans craindre d’être menotté sur le tarmac de l’aéroport.

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« C’est une déclaration d’immunité classique », s’est justifié le Département des relations internationales, en précisant que « ces immunités ne prennent pas le dessus face à l’émission d’un mandat d’arrêt international ». L’Afrique du Sud devra donc trouver une autre parade si elle veut dérouler le tapis rouge au président russe.

En attendant, Pretoria profite de la présidence tournante pour faire avancer les intérêts du continent, selon le thème de cette année : « L’Afrique et les Brics, un partenariat pour une croissance mutuelle accélérée, le développement durable et un multilatéralisme inclusif ». Les Brics s’intéressent notamment à la zone continentale africaine de libre-échange. Un atelier de travail était organisé sur ce thème à Durban, le 31 mai.

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Club des 5

Le 2 juin, plusieurs pays africains seront représentés lors de l’ouverture de la réunion aux “amis des BRICS”. Les interventions de douze ministres des Affaires étrangères sont inscrites au programme, dont Christophe Lutundula pour la RDC, Dhoihir Dhoulkamal pour les Comores et Hermann Immongault pour le Gabon. L’Égypte, qui veut rejoindre les Brics, sera représentée virtuellement et l’Algérie, autre candidate, n’est pas prévue dans l’agenda.

L’ouverture du Club des 5 aux “amis” permet d’afficher l’intérêt porté par une partie du monde pour cette alliance alternative. Cette réunion est un moment « très important, crucial et symbolique pour les Brics alors que le groupe est lui aussi bousculé par les vents contraires d’une situation géopolitique qui s’est complexifiée », synthétise la chercheuse Sanusha Naidu.  C’est peu dire. L’un de ses membres, la Russie, est entré en guerre.

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