Mini-couac diplomatique entre la France et la Tunisie

Alors que la visite à Paris du chef de la diplomatie tunisienne Nabil Ammar semblait s’être bien passée, la publication par le Quai d’Orsay d’un communiqué assurant que la question des droits et des libertés avait été abordée a provoqué une réaction sèche de Tunis.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avec son homologue tunisien, Nabil Ammar, à Paris, le 30 mai 2023. © Twitter Catherine Colonna

Publié le 1 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

La visite en France du ministre tunisien des Affaires étrangères a donné lieu à un mini-couac diplomatique entre Tunis et Paris. Dans un premier temps, Nabil Ammar et son homologue française Catherine Colonna avaient pourtant multiplié les messages chaleureux.

Sur Twitter, le chef de la diplomatie tunisienne qualifiait l’échange de « complet et fructueux », soulignant « l’importance d’une concertation accrue » et le « besoin d’une approche inclusive dans le traitement des questions liées à la migration, à la mobilité humaine, à la levée d’entraves relatives à l’octroi de visas aux Tunisiens et au développement durable », tandis que son homologue rappelait que « la France se tient aux côtés de la Tunisie et des Tunisiens, soutient la dynamique de réformes et le développement de nos relations ».

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Un échange d’amabilités très classique mis à mal par la publication par le Quai d’Orsay, le 30 mai, d’un communiqué rendant compte de l’entrevue et affirmant que l’entretien « a été l’occasion de rappeler l’attachement de la France aux droits et libertés publiques partout dans le monde ».

Démenti de Nabil Ammar

Mercredi 31 mai, le ministère tunisien des Affaires étrangères a réagi en assurant que la question des « droits et libertés » n’avait pas été abordée, précisant dans un communiqué que lors de la rencontre, Nabil Ammar avait souligné que « le principal défi de la Tunisie reste celui de la relance économique, et que tout message sceptique ou attitude négative ne ferait que compliquer davantage l’amélioration des conditions socio-économiques dans le pays ».

Le sujet des droits et des libertés a-t-il été évoqué ou non ? La question est particulièrement sensible, alors que plusieurs ONG locales et internationales dénoncent un net recul des libertés en Tunisie depuis que le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.

Les mêmes défenseurs des droits humains considèrent comme timorée la position de la France à l’égard de ce qu’ils décrivent comme une « dérive autoritaire » du président tunisien : la diplomatie française s’inscrit selon eux dans une longue tradition d’indulgence de Paris vis-à-vis de Tunis.

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« La Tunisie ne donne de leçons à personne »

Nabil Ammar l’assure : le sujet n’était pas au menu et n’a pas été abordé. Il précise avoir insisté sur « le retour de la stabilité politique » en Tunisie et le défi de la relance économique. Pour beaucoup d’observateurs, le but principal du voyage du ministre à Paris était d’ailleurs de demander le soutien de la France dans les difficiles négociations que Tunis mène depuis des mois avec le FMI en vue d’obtenir un prêt.

Lors de son séjour, le chef de la diplomatie a également rencontré la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann, ainsi que le sénateur LR (Les Républicains) Christian Chambon. Lors de son entretien avec ce dernier, qui préside la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat, ainsi que le groupe interparlementaire d’amitié France-Maroc, Nabil Ammar dit avoir « souligné que la Tunisie, qui ne donne de leçons à personne, n’en accepte aucune de quiconque ».

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