Face à la pollution plastique, l’Afrique est (aussi) pionnière
Si le continent est très fortement touché par les conséquences de ce fléau, plusieurs pays sont à la pointe dans le domaine de la lutte contre la pollution plastique. Ils ont servi d’exemple lors des discussions qui se sont tenues à Paris, lors desquelles les représentants de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement ont tenté d’élaborer un instrument juridique contraignant.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 juin 2023 Lecture : 2 minutes.
Surnommé « vortex de plastique », « soupe de plastique » ou encore « îles de plastique », le « septième continent » composé d’ordures polymères continue sa croissance obèse au cœur des océans. La production annuelle de cette matière dérivée du pétrole a plus que doublé en 20 ans, pour atteindre 460 millions de tonnes. Et comme sur d’autres sujets environnementaux, la planète politico-scientifique peine à enclencher rapidement des solutions. La production de plastique pourrait encore tripler d’ici à 2060, alors qu’elle représente près de deux milliards de tonnes annuelles de gaz à effet de serre, et que l’on commence à détecter des microplastiques dans le sang humain, le lait maternel ou le placenta.
Dans le cadre de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, et après une première session de négociations en Uruguay fin 2022, la France accueillait un deuxième round, du 29 mai au 2 juin 2023. En ligne de mire de cette réunion de 175 États du monde entier : un possible traité mondial de lutte contre la pollution plastique, plan juridiquement contraignant.
Nouveaux emplois
Souvent présenté comme le réceptacle ultime et conciliant des déchets du monde, le continent africain regorge de pays leaders dans la lutte contre les plastiques indésirables. Le Kenya est connu pour son engagement en la matière et le Rwanda conduit, avec la Norvège, la Coalition de haute ambition pour mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040. Coalition qui réunit une cinquantaine de pays. Depuis quatorze ans, Kigali a banni les sacs en plastique et tous les emballages jugés « inutiles ».
Les plus timorés dans la lutte sont les nations aux industries pétrochimiques développées, comme les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la Chine et les États-Unis. Ces derniers insistent moins sur une réduction de l’usage et de la production de plastique que sur une meilleure gestion des déchets, notamment abandonnés. Au-delà des discours, seuls 9 % des résidus seraient effectivement recyclés, 22 % seraient simplement rejetés dans l’environnement…
Largement portés sur la question des rapports Nord-Sud, les débats explorent plusieurs pistes de changement de politiques et d’ajustement de marchés : la promotion des options de réutilisation sur un cycle réutilisation, recyclage, réorientation et diversification (RRR + D), la gestion prioritaire des produits à usage unique et à courte durée de vie, la promotion des systèmes de consigne, la suppression des subventions aux combustibles fossiles, l’application de directives de conception plus propices à la recyclabilité, l’encouragement fiscal, la responsabilisation des fabricants et bien sûr l’utilisation de matériaux alternatifs.
Bien géré, un plan de lutte contre les déchets plastiques devrait servir le développement économique, par la réalisation de diverses économies et la création de nombreux emplois.
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