Un cessez-le-feu réel toujours attendu au Nord-Kivu

Publié le 30 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Vers la fin de 2008, les Congolais attendent toujours un cessez-le-feu au Nord-Kivu (est), théâtre des conflits acharnés entre les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

REPRISE DES HOSTILITES

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Les combats entre les FARDC et les rebelles du CNDP ont repris avec force en août dernier dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Même la ville de Goma, chef-lieu de la province, a été une fois menacée par les rebelles.

Le chef du CNDP, l’ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda, est responsable de nombreuses attaques perpétrées depuis 2003, notamment l’offensive contre Bukavu (chef-lieu du Sud-Kivu) en juin 2004 et les agressions dans les territoires de Rutshuru et de Masisi, stiués dans la province du Nord-Kivu.

En septembre 2005, un mandat d’arrêt international a été lancé contre Laurent Nkunda, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Mais le général déchu prétend qu’il protègait la communauté tutsie en RDC contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), composées de Hutus rwandais et basées dans l’est du pays depuis le génocide rwandais de 1994.

Le 29 octobre, Laurent Nkunda s’est engagé à un cessez-le-feu unilatéral au Nord-Kivu. Toutefois, la situation y demeure fragile. De violents combats qui opposent les FARDC et les miliciens locaux aux rebelles du CNDP n’ont jamais cessé depuis ce jour-là, d’autant plus que des éléments indisciplinés ont commis des pillages dans des villages dans la province.

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La reprise des affrontements entre les FARDC et le CNDP constitue un "danger" pour le programme "Amani" (paix en kiswahili) dans l’est du pays, amorcé depuis la signature des Accords de Goma, a déclaré le ministre congolais de la Défense, Tshikez Diemu.

Lancé en janvier 2008 après les Accords de Goma, signés par divers groupes armés, le programme Amani porte sur un "acte d’engagement" prévoyant un cessez-le-feu immédiat puis un désengagement progressif des troupes sur le terrain avant leur démobilisation.

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UNE CRISE HUMANITAIRE

Les conflits armées ont fait plus de 250. 000 déplacés dans la province du Nord-Kivu, y entraînant la détérioration de la situation humanitaire, en particulier les attaques ciblées contre la population civile (violence sexuelle, recrutement d’enfants soldats et exécutions sommaires).

La situation humanitaire catastrophique que connaissent de nombreux déplacés internes vivant dans des camps de concentration où les conditions de vie sont très difficiles.

Il est pourtant difficile pour les organisations humanitaires d’atteindre les déplacés. Un corridor humanitaire pour permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les cibles est extrêmement urgent, selon des organisations humanitaires.

Sur plus de quatre millions d’habitants qui vivent dans l’est du pays, environ un million se trouve dans la rue, à la défaveur d’une guerre qui avait repris entre l’armée gouvernementale et les rebelles du CNDP du général déchu Laurent Nkunda, a affirmé Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale (Parlement) congolais.

A Kinshasa, le long du boulevard le 30 juin, principale route dans le centre-ville, des sologans en lettre majuscule, très visibles, réflètent les appels des populations civiles : "Non à la guerre, top, c’est trop!"

INTERVENTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Pour sa part, la communauté internationale, notamment l’ONU et l’Union africaine (UA), appuie vigoureusement les efforts déployés par la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (Monuc), forte de 17. 000 hommes, pour rétablir la paix au Nord-Kivu.

Le 20 novembre dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’autoriser l’augmentation temporaire des effectifs de 2. 785 Casques bleus et de 300 policiers.

A la mi-décembre, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a été nommé par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon comme son envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.

Sous les efforts des médiateurs de l’ONU, Olusegun Obasanjo, et de l’UA, Benjamin Mkapa, l’ancien président tanzanien, le gouvernement de Kinshasa a entamé le 8 décembre des négociations directes avec le CNDP à Nairobi, au Kenya.

Malgré plusieurs tours de négociations, le CNDP n’a pas modifié sa position principale, et a refusé, le 21 décembre, à s’engager à respecter une cessation des hostilités avec les FARDC.

Les négociations inter-congolaises, qualifiées d’"ardu" par l’émissaire de l’ONU Olusegun Obansanjo, doit reprendre le 7 janvier dans la capitale kenyane, laissant une lueur d’espoir aux Congolais, assoiffés d’une paix durable, d’attendre au moins un cessez-le-feu réel.

Au lendemain de l’échec du dialogue à Nairobi, le Conseil de sécurité de l’ONU a prorogé jusqu’au 31 décembre 2009 le mandat de la Monuc et lui a demandé de s’attacher en priorité à la protection des civils dans les Kivus, un signe fort de la communauté internationale pour le rétablissement de la paix dans l’est de la RDC.

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