En Tunisie, le tourisme prêt à remonter la pente ?

Alors que la reprise du secteur se confirme, la Tunisie, destination prisée des visiteurs en quête de séjour à bas prix, retrouve des couleurs et vise à réaliser « une année référence ».

Des touristes dans la vieille ville de Beb Bhar à Tunis, le 27 septembre 2022. © Yassine Mahjoub/NurPhoto via AFP

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Publié le 8 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

Après deux années délicates, en raison des contraintes sanitaires, le tourisme retrouve des couleurs. Entre janvier et mai 2023, près de 3 millions de touristes se sont rendus au pays du jasmin, soit une hausse de 89 % par rapport à la même période en 2022 et de 3,3% par rapport à 2019, l’année référence du secteur.

Selon les données de la Banque centrale tunisienne (BCT), les revenus de ces cinq premiers mois avoisinent 1,7 milliard de dinars, soit 550 millions de dollars. Ils ont ainsi plus que doublé par rapport aux résultats enregistrés sur la même période en 2022, ces recettes constituent « un record » depuis la crise sanitaire.

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« Saison prometteuse »

Pour le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme, Ahmed Bettaieb, la saison estivale s’annonce « prometteuse ». « Avec une augmentation de 30 % par rapport à l’année dernière, les réservations en 2023 ont de fortes chances de dépasser l’année référence », souligne Bettaieb pour qui, les prix, la qualité des services et la communication sont de mise.

Portée par le marché maghrébin (Libye – Algérie) et le retour à la normale des marchés européens « classiques » (France – Allemagne – Angleterre), la saison estivale sera marquée par l’absence des touristes russes. « Le conflit russo-ukrainienne freinera l’arrivée des touristes de l’Europe de l’Est, sauf que l’apparition du marché arménien est un autre fait inédit cette année », explique Ahmed Bettaieb.

Attractivité

Selon lui, « l’acte criminel isolé – survenu à Djerba lors du pèlerinage de la Ghriba – n’aura pas de répercussions sur le retour en grâce de l’industrie touristique », l’enjeu réel étant de diversifier l’offre pour drainer de plus en plus de visiteurs. « Entre le tourisme de masse, le tourisme médical, le tourisme événementiel et alternatif, les acteurs économiques doivent œuvrer à attirer les touristes tout au long de l’année et éviter la saisonnalité », insiste Ahmed Bettaieb.

Engagé à mettre en place une stratégie pour la durabilité du secteur touristique à l’horizon 2035, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat mise également sur les relations publiques. Doté d’un budget de 47,6 millions de dinars (15,3 millions de dollars) pour la promotion de la destination Tunisie, l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) s’appuie sur des influenceurs tunisiens et des relais étrangers, comme le journal télévisé de TF1 pour diffuser les reportages promotionnels.

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Contraintes

Pilier essentiel de l’économie tunisienne qui contribue à hauteur de 14,2 % du produit intérieur brut (PIB) d’après une étude réalisée par KPMG en 2019, le tourisme reste menacé par le secteur informel. « Tous les acteurs doivent multiplier les efforts pour attirer les Libyens et les Algériens vers les hôtels car les touristes maghrébins passent souvent par les raccourcis informels, ce qui représente un manque à gagner pour les caisses de l’État », commente l’analyste financier Bassem Ennaifar.

Si 2023 est en phase de devenir « une année référence » pour le tourisme tunisien, les recettes en devises sont « importantes » mais demeurent insuffisantes pour soulager une économie encore « fragile », selon lui. En effet, les réserves en devises (91 jours d’importation) sont à leur plus bas niveau depuis le début de l’année tandis que la dette de la Tunisie a atteint près de 80 % de son PIB.

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