Bilan-2008 – La crise financière met à l’épreuve l’unité de l’Union européenne

Publié le 25 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Bien que beaucoup vantée, l’unité de l’Union européenne (UE) est maintenant sujet à une véritable épreuve au moment où une crise financière contagieuse sans précédent depuis la Grande Dépression a frappé l’Europe en 2008. Malgré les efforts déployés pour trouver une réponse coordonnée de l’UE à la crise financière, des fissures apparaissent entre les Etats membres lorsqu’ils mettent leurs propres intérêts nationaux au premier plan. REJET D’UN FONDS DE SAUVETAGE EUROPEEN Déclenchée par l’effondrement du géant bancaire américain Lehman Brothers, la tourmente financière s’est transformée en véritable crise en septembre. Etroitement liée aux Etats-Unis, l’UE est devenue immédiatement la proie de la crise, ses institutions financières exposées soit à des pertes énormes dans le marché financier américain, soit à une grave pénurie de liquidités. La banque britannique Bradford & Bingley, le groupe bancaire néerlando-belge Fortis et la banque franco-belge Dexia sont devenus les premières victimes européennes de la crise financière, obligeant des gouvernements de l’UE à verser des milliards d’euros pour les maintenir à flot. Des mesures initiales ont été prises individuellement et conjointement par des pays sur une base ad hoc. Mais des fissures sont apparues dans l’unité de l’UE lorsque l’Irlande a unilatéralement garanti tous les dépôts dans ses propres banques pour calmer les épargnants nerveux, un geste de siphonnage des fonds cherchant la sécurité dans d’autres banques de l’UE. L’approche fragmentée a donné une impression de désordre et a envoyé des signaux de confusion aux marchés financiers, ce qui pourrait susciter de nouvelles préoccupations et affaiblir de nouveau la confiance dans les marchés. Lorsque le gouvernement américain a dévoilé un paquet de 700 milliards de dollars pour sauver les banques en difficultés de son pays, un plan semblable a été élaboré pour établir un fonds commun de l’UE. Mais ce plan a été fermement rejetée par l’Allemagne, qui était réticente à engager de l’argent des contribuables pour un fonds géré par l’UE. LANCEMENT D’UNE ACTION COORDONNEE Malgré le rejet d’un fonds de sauvetage européen, les appels en faveur d’une action coordonnée se sont intensifiés comme la crise financière s’est aggravée dans l’UE. « Nous demandons aux Etats membres de renforcer leur coopération. Il est extrêmement important de rétablir la confiance dans les marchés », a déclaré début octobre le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avant de souligner : « Il ne s’agit pas seulement de l’injection de liquidités. Nous avons également besoin d’injecter de la crédibilité dans la réponse de l’Europe.  » Pour rétablir la stabilité financière aussi rapidement que possible, les dirigeants des 15 pays de la zone euro ont élaboré un plan d’action commun lors de leur sommet à Paris le 12 octobre, premier sommet tenu par le bloc. Le plan d’action destiné à stabiliser les banques, qui prévoit l’entrée des Etats dans le capital des banques en difficulté et des garanties publiques aux prêts interbancaires, a ensuite été approuvée par tous les dirigeants de l’UE lors de leur sommet tenu trois jours plus tard. Comme M. Barroso l’a dit, le plan d’action commun a servi de « boîte à outils », dans laquelle les Etats membres de l’UE peuvent choisir leurs propres mesures nationales. Sur la base de ce plan, les gouvernements de l’UE ont finalement lancé une attaque unifiée contre la crise financière, s’engageant à contribuer plus de 2. 000 milliards d’euros (2. 780 milliards de dollars) dans leurs paquets de sauvetage. DIVISION SUR UNE STIMULATION ECONOMIQUE Toutefois, la coordination retardée n’a pas réussi à empêcher la crise financière de s’aggraver pour s’élargir à des importants secteurs de l’économie. Durement touchée par la crise, l’économie de la zone euro est entrée dans sa toute première récession au cours du troisième trimestre de l’année et l’UE lui a emboîté le pas au cours du quatrième trimestre. Face à cette crise économique, les pays de l’UE ont pris leurs nouvelles propres mesures pour stimuler l’économie. Dans le but de coordonner les efforts nationaux pour atténuer le ralentissement, la Commission européenne a proposé en novembre un paquet de stimulation économique d’une valeur de 200 milliards d’euros (278 milliards de dollars). La somme d’argent s’élève à 1,5% du produit intérieur brut de l’UE, avec 1,2% en provenance des gouvernements de l’UE et le reste du fonds de l’UE. Bien que les dirigeants de l’UE aient adopté le plan lors de leur sommet des 11 et 12 décembre, les divergences sur les détails demeurent. L’Allemagne, la plus grande économie de l’UE, s’est opposée à un appel à l’élargissement de son plan de stimulation fiscal national pour les avantages de l’économie de l’UE dans son ensemble, disant que leur plan actuel d’un montant de 32 milliards d’euros (44 milliards de dollars) est suffisant. Sur des mesures spécifiques, les dirigeants de l’UE ont également échoué à se mettre d’accord sur une proposition avancée par la Commission européenne pour réduire la taxe à la valeur ajoutée (TVA) sur les marchandises vertes et les services à forte intensité de main-d’œuvre tels que les restaurants, ajournant ainsi le débat jusqu’à la prochaine réunion des ministres des Finances de l’UE prévue au printemps 2009. Considérant le dernier sommet de l’UE comme un plus important sommet depuis son accession au poste de président de la Commission éuropéenne, M. Barroso a déclaré que l’UE a réussi dans son « test de crédibilité » par l’adoption du paquet de stimulation. Selon des analystes, il y a encore un grand point d’interrogation sur la solidité de l’unité de l’UE, comme les pays de l’UE ont encore des tâches ardues à accomplir pour qu’ils s’attaquent à la crise économique qui va en s’aggravant. Fin

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