L’interminable marche vers la sortie de crise

Publié le 25 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Cette année encore, comme depuis 2005 date de la fin constitutionnelle du mandat du président Laurent Gbagbo, les élections n’auront pas lieu en Côte d’Ivoire. Et pourtant, l’accord politique inter-ivoirien de Ouagadougou qui relance le processus de paix prévoyait dix mois après sa signature, en mars 2007, l’organisation d’élections pour réunifier le pays. Des progrès mais pas de percée réelle Plus de 20 mois après, l’accord politique de Ouagadougou, présenté comme « l’accord de la dernière chance », est loin de présager de la fin du tunnel pour les Ivoiriens, tant son application est rythmée par des accords complémentaires successifs sans réelle avancée sur le terrain relativement au processus électoral. Certes, l’accord signé par Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, leader des Forces nouvelles, l’ex-rébellion qui a tenté de le renverser en 2002, a permis l’instauration d’un climat apaisé et l’engagement, dans la confiance, des deux parties ex-belligérantes dans la mise en oeuvre du processus de paix. Il a même permis la suppression de la zone de confiance qui matérialisait la séparation du pays en zones rebelle et gouvernementale, le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire national et le démarrage de l’opération d’identification de la population et de recensement électoral. Mais, l’aboutissement du processus de paix reste l’organisation d’élections pour permettre aux Ivoiriens de choisir, notamment leur président de la République. Et pour cause, la question du pouvoir est au coeur du coup d’Etat manqué mué en une rébellion armée qui s’est installée dans la moitié nord du pays. Initialement prévu pour le premier trimestre 2008, le premier tour de l’élection présidentielle a été fixé au 30 novembre avant d’être reporté à une date ultérieure, officiellement suite à un retard dans l’identification de la population et la confection de la liste électorale. Le désarmement reste un noeud gordien De fait, l’accord de Ouagadougou peine à se traduire en actes concrets sur les questions du désarmement des ex-combattants et de la réunification de l’armée. Les termes de l’accord prévoyaient le regroupement des ex-combattants, le profilage des ex-rebelles et leur orientation vers l’armée nationale ou le service civique national ou encore leur réinsertion dans la vie sociale par des microprojets générateurs de revenus. Le processus démarré le 22 décembre 2007 a pris fin dans « la partie gouvernementale » en janvier 2008 avec l’encasernement de près de 12. 000 soldats. Au « nord », l’opération qui devait prendre en compte 31. 000 ex-combattants a été grippée faute de moyens financiers et logistiques. De même, l’opération de démantèlement des milices et des groupes d’autodéfense a coupé court. En cette fin d’année, la question du désarmement a ressurgit avec des sons discordants mettant en ballottage l’accord de Ouagadougou. Pour Francis Wodié, président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT, opposition), « l’accord de Ouagadougou doit être considéré comme une étape qui a atteint ses limites ». « On peut même parler d’échec », estime-il. Même dans le camp des signataires, notamment le camp présidentiel, l’euphorie des premières heures s’est estompée et le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) estime que « des élections sans désarmement n’ont pas de sens ». C’est la vice-présidente du FPI, Simone Gbagbo, qui a sonné la charge, appelant à « revisiter » l’accord de Ouagadougou que le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly qualifie d’ » ambigü » et de « très incomplet ». Le président du FPI, Pascal Affi N’guessan, a enfoncé le clou en des termes très clairs en exigeant le désarmement « complet et intégral » de l’ex-rébellion et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national avant la tenue des élections. « Pour nous, le préalable d’un désarmement avant les élections est une question non négociable », martèle-t-il. Accord de « Ouaga IV » L’atmosphère de la situation socio-politique en Côte d’Ivoire devient délétère et pesante. Pour sauver l’accord de Ouagadougou, le président ivoirien Laurent Gbagbo et son Premier ministre Guillaume Soro appellent au calme. Des représentants du camp présidentiel et des Forces nouvelles se réunissent à Ouagadougou autour du facilitateur Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso. En décembre 2008, un accord complémentaire, le 4ème, est paraphé par les deux délégations en attendant sa signature par Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, ainsi que par le président Blaise Compaoré. Il règle, sur le papier, la question des grades et d’intégration des soldats de l’ex rébellion dans l’armée nationale ivoirienne. Environ 5. 000 soldats de l’ex-rébellion sont concernés. Le texte prévoit « le démantèlement des milices et leur démobilisation concomitamment à la démobilisation des combattants des Forces nouvelles ». La fin du démantèlement des milices et groupes d’autodéfense et de la démobilisation des ex-combattants des Forces nouvelles devrait s’achever « au plus tard deux mois avant la date fixée des élections ». Avec « Ouaga IV », les fruits vont-ils tenir la promesse des fleurs ? L’application sur le terrain nous le dira. Fin

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