Avec ses nouveaux actionnaires, Onomo veut reprendre la main
La chaîne hôtelière panafricaine Onomo va développer un réseau de plus de vingt établissements en Afrique francophone. L’arrivée de très gros actionnaires à son capital lui en donne les moyens.
En Afrique francophone, la concurrence s’intensifie dans l’hôtellerie de milieu de gamme. Au début de l’année, le groupe malien Azalaï levait 12 millions d’euros auprès du fonds ouest-africain Cauris et de la Société financière internationale (IFC) pour financer son expansion régionale. En octobre, Mangalis, une filiale de Teyliom, groupe de l’homme d’affaires sénégalais Yérim Sow, faisait une entrée fracassante dans le secteur. Enfin, début novembre, Jeune Afrique révélait d’importants changements capitalistiques chez Onomo, l’autre chaîne panafricaine active sur le créneau des hôtels pour hommes d’affaires.
Grâce à plusieurs augmentations de capital, la famille Ruggieri – l’une des cent premières fortunes de France – détiendra prochainement 88 % du groupe (dont le siège juridique est à Paris) par le biais de son holding Batipart. Au côté de ce dernier figurera Darsin, holding détenu notamment par l’homme d’affaires franco-ivoirien Bernard Derrien, ainsi que Philippe Colleu, cofondateur d’Onomo (avec Christian Mure, qui a quitté le groupe), qui dispose d’environ 1 % des parts. Cédric Guilleminot, qui travaille avec les Ruggieri depuis plusieurs années, a été nommé directeur général.
Un changement dans la continuité : le nouvel actionnaire majoritaire, qui a développé Foncière des régions, un géant de l’immobilier de bureau, et reste un actionnaire de poids du groupe européen de maisons de retraite Korian, était au capital d’Onomo depuis la création de la chaîne, en 2009. Par ailleurs, Philippe Colleu garde « les mains dans le cambouis » et demeure le président exécutif du groupe.
Industrialisation
Déjà propriétaire de trois hôtels, à Dakar, à Abidjan et à Libreville, Onomo va entrer dans la deuxième phase de son développement, dans un contexte toujours plus concurrentiel. « C’est une course de vitesse pour obtenir les meilleurs emplacements. Il faut planter son drapeau le premier », souligne Philippe Colleu. Une montée en puissance qu’il qualifie de « phase d’industrialisation ». Elle consiste à couvrir toutes les capitales d’Afrique occidentale et centrale au rythme de quatre ouvertures par an. Au total, le groupe pourrait compter entre vingt et vingt-cinq implantations en six ans pour un investissement total de 140 millions d’euros, dont 70 millions en fonds propres. L’Afrique francophone constitue la priorité, notamment Bamako, Lomé, Kribi, Pointe-Noire, Ouagadougou et Conakry. Chaque hôtel devrait générer un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros pour une cinquantaine d’employés tandis que l’équipe de gestion, à Dakar, en compte une dizaine.
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Métissage
Si une ouverture est également prévue à Freetown, une offensive anglophone de plus grande envergure n’est pas exclue, en particulier en Afrique de l’Est et au Nigeria – mais à plus long terme. « Un développement loin de nos bases impliquera plus d’un hôtel », précise Julien Ruggieri, qui admet avoir déjà repéré quelques sites, jusqu’au Mozambique. Philippe Colleu, lui, souligne que « les pays plus importants comme l’Algérie, le Maroc, l’Afrique du Sud ou le Nigeria nécessitent un réseau de dix à quinze établissements chacun ». Pour le cofondateur d’Onomo, il s’agit de « créer une marque panafricaine » : « Nous ne voulons pas réaliser des hôtels pareils à ceux qu’on trouve partout dans le monde. Nous sommes dans un courant de métissage avec un service aux normes internationales, mais une architecture et une décoration locales. » Avec 70 % de clients africains et 30 % d’Occidentaux, Onomo semble avoir réussi le pari de la mixité. Par ailleurs, Dakar afficherait un taux d’occupation de 80 %, selon le management. Un beau succès qui en promet d’autres, veut croire Julien Ruggieri. Pour l’homme d’affaires comme pour son père, « la démographie crée le business ».
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