[Vidéos] Rabiu, Rawji, Lahlou-Filali… Leurs clés pour que l’Afrique renforce sa souveraineté économique

Le sujet a été au cœur des débats de l’Africa CEO Forum 2023, qui s’est tenu les 5 et 6 juin à Abidjan. Comment créer des champions africains, à même d’assurer une plus grande souveraineté économique du continent ? Sélection, en vidéo, de pistes de solutions.

© Montage JA : DR ; ELODIE MARTIAL/AFRICA CEO FORUM ; Bruno Levy pour JA

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Publié le 9 juin 2023 Lecture : 4 minutes.

L’enjeu est immense, les réponses multiples. Elles varient d’un pays à l’autre, d’un secteur à l’autre. Et plus encore, peut-être, d’un interlocuteur à l’autre. Quelles sont les mesures à mettre en place pour favoriser l’émergence d’une nouvelle génération africaine de champions économiques africains ? Que peuvent faire les pouvoirs publics ? Quelle stratégie déployer au sein des entreprises déjà fortement présentes sur les marchés du continent ?

Au cours des deux jours de débats, d’ateliers et de rencontres, ces questions ont été au cœur de l’Africa CEO Forum 2023*, les 5 et 6 juin à Abidjan. Nous les avons posées à des décideurs politiques, des dirigeants de quelques-unes des plus grandes entreprises du continent, des analystes. Voici la sélection, en vidéo, de quelques-unes de leurs réponses.

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Intégrer les entreprises africaines

« On ne fera pas de grands champions nationaux tant que l’on ne permettra pas à nos entreprises de participer et d’être présents dans les projets structurants et stratégiques. » Pour Adama Bictogo, président de l’Assemblée nationale ivoirienne et patron de Snedai, les pouvoirs publics ont un rôle déterminant pour imposer les entreprises nationales ou régionales dans les grands projets d’infrastructures, de même que dans l’exploitation des ressources dont regorge le continent.

« L’Afrique dispose de ressources naturelles. Elle produit du gaz. Quand une structure vient pour produire de l’énergie en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso ou dans n’importe quel autre pays, dès lors que l’État met à disposition ses ressources naturelles, que le promoteur doit en faire l’exploitation, et en fait donc la production, il est bon qu’une société nationale participe à l’exploitation, pour profiter du transfert de compétences au bout d’un certain nombre d’années », a-t-il notamment expliqué lors de son passage au Grand entretien de l’économie RFI / Jeune Afrique.

Transformer les crises en opportunités

Les chocs exogènes n’en finissent plus de perturber le développement du potentiel économique du continent. Sur le front de la souveraineté alimentaire, l’extrême dépendance de nombre de pays africains aux céréales importées est ainsi un obstacle majeur à l’autosuffisance alimentaire. Paradoxalement, des moments de crise peuvent aussi avoir l’effet d’un électrochoc, comme le démontre la croissance – encore toute relative – du recours aux céréales locales pour atténuer la dépendance à des denrées importées.

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C’est l’avis de Makhtar Diop, directeur général de la Société financière internationale (SFI, ou IFC en anglais), qui regrette que l’Afrique soit « le seul continent qui n’a pas fait sa révolution verte ». Interrogé par Jeune Afrique en marge de l’ACF, il estime cependant, que « la crise climatique donne l’opportunité à l’Afrique de faire les choses de manière différente. Les céréales locales sont plus résistantes au changement climatique. »

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Sur le plan sanitaire, également, la crise du Covid-19 a permis une véritable prise de conscience, estime Myriam Lahlou-Filali, de Pharma 5. « Pendant le Covid, l’Afrique n’a pas été servie [en vaccins], rappelle la dirigeante marocaine au micro de JA. Cela a fait prendre conscience de la nécessité pour le continent de se doter d’une industrie de vaccins complètement souveraine. » Et, sur ce front, le projet Maroc Biotechnologies (Marbio), à Benslimane, se veut l’un des outils de « la volonté de retrouver la dignité africaine » sur l’indépendance vaccinale.

Miser sur les forces du continent

De manière paradoxale, le Nigérian Abdul Samad Rabiu, président exécutif de BUA Group, juge que la concurrence entre les grands acteurs de la sphère économique africaine est saine et permet, elle aussi, de favoriser l’émergence de champions nationaux ou continentaux. Interrogé au sujet d’éventuelles craintes que ferait peser l’ouverture de la méga-raffinerie d’Aliko Dangote sur celle qu’il entend faire naître, Abdul Samad Rabiu, après un sourire, assure qu’il y a de la place pour tous.

« La concurrence est une bonne chose. J’aime la compétition », glisse le milliardaire nigérian, avant de détailler sa vision : « Dans le Golfe de Guinée, 5 millions de barils de brut sont produits chaque jour. Que raffinons-nous aujourd’hui ? Une quantité marginale : 1 voire 1,5 million de barils. Il y a donc un potentiel de 3 millions de barils. » Pour la magnat nigérian, c’est une certitude, « le marché régional est là parce que le brut est là ».

Mustafa Rawji, patron de Rawbank, première banque de RDC, estime pour sa part qu’il est indispensable de miser sur la première richesse du continent : sa population. Le banquier assure ainsi au micro de JA n’être encore « qu’au début de l’exploration de la surface financière potentielle de la RDC ». Et s’il évoque la mise en place par son établissement de « nouveaux services financiers » et de « nouvelles opportunités » à la population congolaise – notamment pour aider à relever le taux de bancarisation – , il assure également vouloir « rester focalisé sur le développement de notre pays ».

* L’Africa CEO Forum a été créé en 2012 par Jeune Afrique Media Group et est coorganisé avec l’IFC – Groupe de la Banque mondiale.

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