[Vidéos] Peut-on allier lutte climatique et développement économique ?
C’est l’une des questions qui a taraudé les participants de l’Africa CEO Forum, qui s’est déroulé les 5 et 6 juin à Abidjan. Voici quelques-unes de leurs réponses.
L’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions de gaz à effet de serre, et c’est pourtant le continent qui subit les pires chocs induits par les conséquences du réchauffement climatique. Ce triste constat, partagé par tous et remis en lumière à chacun des nombreux sommets qui se succèdent sur le sujet sans parvenir, dans la majeure partie des cas, à des solutions concrètes à la mesure de l’urgence, était au cœur de beaucoup des discussions qui se sont tenues à Abidjan, les 5 et 6 juin, lors de l’Africa CEO Forum*.
Pour les économies africaines, qui paient cher une dette climatique qu’elle n’ont pas contractée, l’enjeu est crucial. Quel doit être le rôle des États ? Que peuvent faire les entreprises privées pour se montrer plus vertueuses sur le plan climatique, tout en maintenant leur rentabilité ?
Mobiliser les ressources
« C’est le moment ou jamais de régler un problème qui se pose à l’Afrique depuis des décennies », a notamment insisté Makhtar Diop, directeur général de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale dévolue au secteur privé), qui a assuré que l’institution allait « faire un effort tout particulier dans ce secteur et s’assurer que l’on puisse mobiliser plus de ressources ».
[#ACF2023] Makhtar Diop : « L’Afrique est le seul continent qui n’a pas connu sa révolution verte »
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) June 4, 2023
👉L’intégralité de l’entretien de @Diop_IFC par @Aurelie_MB à retrouver sur notre page dédiée à l’@africaceoforum https://t.co/Xmh8RY8rvu pic.twitter.com/sGXUg0ZPfR
« Cela se traduit dans nos chiffres. Nous sommes très fiers d’atteindre les 10 milliards d’euros d’investissements liés au changement climatique, cela représente plus de 45 % de nos investissements », a notamment détaillé le patron de l’IFC.
Impliquer le secteur privé
[ACF2023] Bogolo Kenewendo : « Sur le Climat, il est essentiel de reconnaitre le pouvoir du secteur privé »
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) June 5, 2023
Pour plus d'informations : https://t.co/Xmh8RY8rvu#ACF2023 #Climat #BogoloKenewendo pic.twitter.com/gG6fPimJ2a
Pour l’économiste Bogolo Kenewendo, auparavant ministre au Botswana et à présent chargée de l’Afrique au sein des Champions pour le climat des Nations unies, il faut absolument que les entreprises contribuent aux financements nécessaires. Le continent a besoin de 1 300 milliards de dollars pour faire face au changement climatique et, sur ce total, « plus de 500 millions [sont nécessaires] pour l’adaptation et le renforcement de la résilience ». Et Bogolo Kenewendo de constater qu’aujourd’hui, « les pays africains doivent financer ces besoins via l’endettement ».
Une situation intenable, juge-t-elle. « Il est essentiel que nous reconnaissions le pouvoir des acteurs non étatiques et du secteur privé et qu’ils participent au financement de l’adaptation et de la résilience », plaide la Botswanaise. Et à ceux qui estiment que cet engagement du privé risque d’avoir un impact trop lourd sur la rentabilité des entreprises, elle répond que « l’adaptation profite à tout le monde ». « Si nous [la] finançons, nous renforçons la résilience des entreprises et des communautés qui les soutiennent », assure-t-elle.
Tenir les promesses
[ACF2023] Mahmoud Mohieldin (ONU) : « Sur le climat, il faut en finir avec les promesses sans lendemain »#ONU #ACF2023 #JeuneAfrique #Climat #ChampionsAfricains pic.twitter.com/utZoH1WnD4
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) June 9, 2023
Si le secteur privé doit se mobiliser, les États et institutions internationales doivent également respecter leur parole, insiste en écho le Dr Mahmoud Mohieldin. L’ancien vice-président de la Banque mondiale, aujourd’hui Champion de haut niveau de l’ONU pour l’action climatique, juge que les sommets – et notamment la future COP28, qui doit se dérouler à Dubaï en janvier prochain – n’ont d’utilité que si les promesses de financement formulées précédemment sont enfin respectées.
« C’est bien de voir des chefs d’État participer à des réunions, des sommets. Mais qu’est-ce qui va s’améliorer, concrètement ? Allons-nous assister à une réduction de la dette ? À une meilleure gestion de celle-ci ? À sa restructuration ? Ou encore à une résolution de la crise de la dette en cours ? Allons-nous voir une meilleure collaboration en matière de transfert de technologies ? Il s’agit là de questions importantes auxquelles il convient d’apporter une réponse concrète… Pas des promesses. Tout le monde a été submergé, épuisé et doute de toute nouvelle promesse. »
Il est donc urgent de passer de la parole aux actes.
* L’Africa CEO Forum a été créé en 2012 par Jeune Afrique Media Group et est coorganisé avec l’IFC – Groupe Banque mondiale.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan