Ramdane Batouche, Général Emballage : « L’administration algérienne est un goulet d’étranglement »

Général Emballage, le numéro un algérien du carton ondulé, a lancé un ambitieux plan d’expansion. Selon son PDG, Ramdane Batouche, le principal obstacle à l’entrepreneuriat en Algérie reste l’administration algérienne.

Le groupe algérien Général Emballage, dirigé par Ramdane Batoune (photo), a réalisé un chiffre d’affaires de 58,3 millions d’euros en 2012. DR

Le groupe algérien Général Emballage, dirigé par Ramdane Batoune (photo), a réalisé un chiffre d’affaires de 58,3 millions d’euros en 2012. DR

Publié le 22 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Général Emballage, le numéro un algérien dans la production de carton ondulé, table sur un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros en 2013. La société accroît actuellement ses capacités de production : l’expansion de son usine d’Akbou sera terminée d’ici à la fin 2013 et un train onduleur sera installé dans la ville de Sétif en avril 2014. L’usine d’Oran devrait quant à elle conserver son rythme actuel. Au total, l’entreprise qui emploie 970 salariés, pourra produire 200 000 tonnes d’emballage par an contre 130 000 aujourd’hui, pour un investissement d’environ 38 millions d’euros.

Le pire c’est que nous ne pouvons pas nous couvrir contre le risque de change

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Et cette montée en puissance devrait faire de General Emballage l’un des leaders africains du secteur. Pourtant en dépit de ces projets d’investissement, l’industriel se heurte à la bureaucratie algérienne, « un frein à l’initiative privée ». Ramdane Batouche, fondateur et PDG de Général Emballage a reçu Jeune Afrique au siège de sa société dans la zone d’activité de Taharacht.

Jeune Afrique : En tant qu’industriel privé, quelle est votre plus grande difficulté ?

Ramdane Batouche : Sans hésitation, l’administration. Et je ne suis pas le seul à le dire. C’est un véritable goulet d’étranglement qui ralentit de nombreux projets. Nous espérons que la récente nomination d’un secrétaire d’État à la réforme de l’administration va améliorer la situation.

Pouvez-vous nous donner un exemple?

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Nous avons dû attendre plusieurs mois pour obtenir l’autorisation du Conseil national de l’investissement pour démarrer nos travaux d’expansion, alors même qu’ils sont créateurs de valeur ajoutée et d’emplois. Et encore nous nous estimons heureux car la fois précédente, nous avons dû attendre les autorisations nécessaires pendant plus de deux ans.

Le papier, votre matière première, est importé avant d’être transformé en Algérie, comment vivez-vous l’obligation de payer en crédit documentaire (Crédoc)?

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Le Crédoc procède d’une logique répressive. Nous sommes obligés d’immobiliser des fonds à la banque dès que nous passons une commande. Cela garantit le paiement de la marchandise aux fournisseurs alors que nous n’avons aucun moyen de vérifier sa conformité. Par ailleurs, ce mécanisme assure de juteuses commissions aux banques. Récemment, il y a eu un allègement de cette obligation, avec la possibilité de payer en remise documentaire et c’est tant mieux ! Pour autant, Général Emballage, qui est certifié « AAA » par la Coface, pourrait bénéficier de bien meilleures modalités de paiement auprès de ses fournisseurs.

Pour alimenter vos usines d’Akbou et de Sétif, vous réceptionnez vos importations au port de Béjaïa,  êtes-vous satisfait des délais?

Pas du tout ! Le port de Béjaïa est engorgé, même si la situation n’est pas comparable avec celle du port d’Alger. Il est arrivé qu’un bateau reste 45 jours en rade ! Nous nous sommes astreints à 90 jours de stocks de matières premières pour parer à toute éventualité et honorer nos commandes.

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Nous avons également un stock important de pièces de rechange, d’une valeur d’environ 1,8 million d’euros. Nous n’avons pas envie qu’une machine s’arrête à cause d’un boulon défectueux. Ce sont des surcoûts important pour nous. Le manque d’infrastructures nous oblige à mobiliser de la trésorerie qui pourrait servir ailleurs.

Quel est l’impact de la baisse continue du dinar (- 10% depuis juillet) sur votre activité?

C’est catastrophique. Notre budget a été élaboré sur la prévision d’un cours de 102 dinars pour un euro, au moment où il cotait 99 dinars. Aujourd’hui, il faut 112 dinars pour acheter un euro. Si on y ajoute l’augmentation du coût des matières premières, le surcoût cumulé atteint 17%.

Pour l’instant, nous n’avons pas encore ressenti ses effets négatifs parce que nos achats jusqu’à la fin de l’année ont déjà été effectués. Mais quand le choc va arriver, nous serons obligés d’aviser. Le pire dans tout ça est que nous n’avons aucun moyen de nous couvrir contre le risque de change. Nous souhaiterions avoir la possibilité d’acheter des devises via des contrats à terme. En attendant plus de flexibilité de la part des autorités, nous continuons de travailler tout en subissant.

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