L’Égypte à Beyoncé : « touche pas à Néfertiti ! »

Les autorités égyptiennes interdisent l’entrée de leur pays aux égyptologues néerlandais, depuis qu’une exposition de la commune de Leiden, aux Pays-Bas, montre des stars noires en pharaons et reines antiques.

 © GLEZ

Publié le 13 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

L’Égypte et son antiquité font l’objet de tous les fantasmes et leurs représentations sont les sujets de crispations récurrentes. Quand Elon Musk n’affirme pas que les pyramides ont été construites par des extraterrestres et que Gims n’assimile pas celles-ci à des centrales électriques, différentes productions culturelles sont suspectées d’appropriation culturelle ou de réécriture historique fantasque…

Dans son exposition « Kemet », le musée national de la ville néerlandaise de Leiden, dédié à l’histoire antique, propose « d’explorer l’importance de l’Égypte ancienne et de la Nubie dans le travail des musiciens d’ascendance africaine depuis plus de 70 ans ». Pour illustrer ce qui devrait être perçu comme un hommage, il présente des personnalités noires contemporaines en personnages historiques vêtus de tenues souveraines égyptiennes : Beyoncé et Rihanna en reine Néfertiti, le rappeur Nas en Toutânkhamon et l’acteur Eddie Murphy en Ramsès. « Hommage » ? Ce n’est pas l’avis de la publication égyptienne Al-Fagr qui évoque une exposition « provocante » qui « nécessite une explication.»

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« Distorsion de la civilisation égyptienne »

Rapidement, les autorités égyptiennes ont enfoncé le clou en interdisant aux archéologues néerlandais d’entrer en Égypte, afin de faire face, selon un parlementaire, à « la distorsion de la civilisation égyptienne ». Or, ce sont notamment les chercheurs du musée national de Leiden qui ont joué un rôle majeur, depuis près de 50 ans, dans le travail autour des fouilles de Saqqarah, vaste nécropole de la région de Memphis.

Si Eddy Murphy incarnait un pharaon, dès 1992, dans le clip « Remember the Time » de Michael Jackson et si Rihanna a tout à la fois arboré un tatouage à l’effigie de Néfertiti et adopté le look de la reine d’Égypte sur une couverture du magazine « Vogue Arabia », en 2017, c’est Beyoncé qui semble cristalliser la polémique.

Appropriation culturelle

C’est que Queen B est régulièrement accusée d’appropriation culturelle, tantôt soupçonnée de siphonner les codes de l’Afrique noire –en particulier dans son album visuel Black Is King–, tantôt vilipendée pour avoir assimilé à la culture afro-américaine des éléments du patrimoine d’Afrique du Nord. C’est au festival de Coachella, en 2017, que Beyoncé avait arboré une coiffe et des broderies inspirées de Néfertiti, de même qu’un sceptre à tête de cobra.

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La grogne égyptienne contre l’exposition »Kemet » n’est pas sans rappeler la récente polémique suscitée par un documentaire de la plateforme Netflix, production dans laquelle l’actrice métisse américaine Adele James incarne Cléopâtre. Une « falsification de l’Histoire », selon la députée égyptienne Saboura al-Sayyed.

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