Imbroglio diplomatique autour du Forum du Néguev au Maroc
Des désaccords persistent quant au lieu de ce sommet, dont ni la date ni même le nom ne sont encore fixés. En cause, entre autres, des différends côté marocain. Coulisses.
Depuis sa première édition organisée dans le désert israélien en mars 2022, le Forum du Néguev, initialement prévu au Maroc dès janvier 2023, a été reporté à plusieurs reprises. À ce jour, le gouvernement marocain fait encore planer le doute quant à la date et le lieu précis du sommet. Même son nom, considéré comme étant « trop israélien » par Washington, pourrait être modifié au profit d’un choix « plus inclusif ». Selon une source officielle marocaine, il est « très peu probable que la rencontre se tienne avant l’Aïd », soit après le 2 juillet. Même son de cloche côté israélien.
Au Maroc, deux courants
Selon nos informations, deux courants coexistent au sein des autorités marocaines. D’un côté, ceux qui sont inflexibles sur le maintien de Dakhla comme ville hôte du sommet, en accord avec l’agenda marocain priorisant la question du Sahara. De l’autre, la tendance représentée par André Azoulay, conseiller personnel du roi Mohammed VI, suggère de déplacer le sommet à Essaouira, ville portuaire dont l’héritage juif marocain serait un symbole fort lors de cet évènement réunissant les cinq pays signataires des accords d’Abraham (Israël, Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan et Maroc).
En octobre 2022 pourtant et en adhésion avec les propos du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui rêvait d’une rencontre « dans un autre désert, mais avec le même esprit », il était bien question de tenir le sommet à Dakhla. Mais le lieu est jugé controversé par les Américains en raison du statut internationalement contesté de la zone.
Sans compter que, malgré le rétablissement des relations diplomatiques avec le Maroc, et à la différence de Washington, Israël n’a pour l’instant pas soutenu officiellement le plan d’autonomie pour le Sahara occidental : y organiser un Forum du Néguev serait donc un geste éloquent de la part du gouvernement hébreu.
Position israélienne sur le dossier sahraoui
C’est cette mésentente qui serait à l’origine des nombreux reports. Rabat n’a toutefois jamais partagé cette version, évoquant plutôt des considérations « sécuritaires » et dénonçant la montée des tensions israélo-palestiniennes. Au début de mai, une délégation du lobby juif américain, l’American Jewish Committee (AJC), alors en visite au Maroc, et notamment à Dakhla, avait rencontré Nasser Bourita.
À cette occasion, selon une source américaine, plusieurs représentants du royaume avaient assuré que le sommet du Néguev aurait bien lieu sur le territoire marocain. Une date avait alors été annoncée, sans toutefois que le lieu ne soit précisé : le 25 juin 2023.
Depuis cette tournée, et en marge de la participation active des soldats israéliens aux manœuvres de l’African Lion 2023, le royaume assiste à un véritable défilé d’officiels hébreux. Le 8 juin, le président de la Knesset, Amir Ohana, a ainsi déclaré à Rabat qu’« Israël devrait aller vers une reconnaissance du Sahara marocain ». D’autres officiels l’avaient précédé, comme le 29 mai la ministre israélienne des Transports, Miri Regev, et le 7 juin le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Tzachi Hanegbi.
Israël songerait donc sérieusement à revoir sa position sur le dossier sahraoui. En coulisses, une réunion de groupes de travail du Forum du Néguev a d’ailleurs été organisée, la première depuis celle du comité directeur, en janvier, à Abou Dhabi. Celle-ci, signalant l’imminence de la deuxième édition de cet évènement, a réuni plus de trente responsables des pays membres, à Washington, pour un séminaire exceptionnel sur la sécurité régionale du sommet, pensé pour devenir à plus long terme une sorte d’Otan régional.
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