Au Tchad, le contrôle d’une patrouille française fait le buzz

Une vidéo montrant des soldats français contrôlés par des militaires tchadiens est devenue virale. Les internautes y sont allés de leurs interprétations, avant que les autorités ne délivrent la version officielle.

© Damien Glez

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Publié le 20 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

La captation quasi-systématique que permet l’ère de la téléphonie numérique garantit tout à la fois le réalisme des images, mais aussi l’ambiguïté inhérente à certains décryptages. Une scène virale vient de susciter de nombreuses questions, surtout en cette période de sentiment « anti-militaires français » et de tensions soudanaises… Le décor de la vidéo est une zone aride rapidement située au Tchad. Les protagonistes sont des militaires : une patrouille mixte franco-tchadienne d’une part, une unité de l’armée nationale de l’autre.

Descendus de leurs blindés, les soldats français sont assis sur le sol, sans armes, contrôlés par l’autre groupe. L’officier qui coordonne l’opération s’exprime au téléphone, en langue zaghawa, avant de s’adresser à un accompagnateur local des militaires français, cette fois en arabe dialectal. Les échanges semblent porter sur l’ordre de mission de la patrouille mixte. Tronquée, la vidéo ne dévoile pas l’issue de l’opération.

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Polémique et supputations

Diffusées sur les réseaux sociaux le 18 juin, ces images provoquent des réactions rapides. Des internautes subodorent une infraction des Français, tandis que d’autres, plus complotistes, s’étonnent, affirmant que la scène se serait déroulée à quelques encablures de la guerre civile soudanaise…

Vérifications d’usage

En chœur, le gouvernement tchadien et l’état-major français préciseront que le contrôle a eu lieu le 8 juin dernier, que les soldats français, en vertu de l’accord de défense bilatéral, sont légitimes à circuler dans cette zone, que la patrouille mixte franco-tchadienne menait une reconnaissance d’itinéraire entre la base d’Abéché et Farchana, et que la scène a eu lieu à une bonne cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Soudan. Les autorités des deux pays préciseront que « l’incompréhension » a été mineure, et que les vérifications d’usage n’ont duré que quelques dizaines de minutes avant de se conclure cordialement.

Les Français préciseront bien que « tous les documents nécessaires ont été produits », que chacun des protagonistes a démontré « une volonté de ne pas susciter de nervosité » et qu’« aucun soldat français ne se trouve à Adré, ni à la frontière soudanaise ».

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De son côté, le ministre tchadien de la Communication Aziz Mahamat Saleh a confirmé un « incident malheureux vite éclairci », tout en déplorant l’utilisation « politique d’une vidéo coupée à dessein ». Et de remarquer le délai de 10 jours entre les faits et la diffusion des images, comme si on avait voulu nuire au président Mahamat Idriss Déby, alors présent à Adré, auprès des réfugiés soudanais. Selon lui, « plusieurs autres fausses informations » auraient été distillées, ces derniers jours, sur la situation dans la région…

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